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A
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– Vous ne l'avez plus!

– Non.

– Vous l'avez détruite?

– Non! Hélas! non!

– Vous auriez eu l'imprudence de la confier encore à d'autres mains?

– Oui!

– A qui? à qui? dit vivement Kin-Fo, dont la patience était à bout. Oui! A qui?

– A quelqu'un qui a tenu à ne la rendre qu'à toi-même!»

En ce moment, la charmante Lé-ou, qui, cachée derrière un paravent, n'avait rien perdu de cette scène, apparaissait, tenant la fameuse lettre du bout de ses doigts mignons, et l'agitant en signe de défi.

Kin-Fo lui ouvrit ses bras.

«Non pas! Un peu de patience encore, s'il vous plaît! lui dit l'aimable femme, en faisant mine de se retirer derrière le paravent. Les affaires avant tout, ô mon sage mari!»

Et, lui mettant la lettre sous les yeux: «Mon petit frère cadet reconnaît-il son œuvre?

– Si je la reconnais! s'écria Kin-Fo. Quel autre que moi aurait pu écrire cette sotte lettre!

– Eh bien, donc, avant tout, répondit Lé-ou, ainsi que vous en avez témoigné le très légitime désir, déchirez-la, brûlez-la, anéantissez-la, cette lettre imprudente! Qu'il ne reste rien du Kin-Fo qui l'avait écrite!

– Soit, dit Kin-Fo en approchant d'une lumière le léger papier, mais, à présent, ô mon cher cœur! permettez à votre mari d'embrasser tendrement sa femme et de la supplier de présider ce bienheureux repas. Je me sens en disposition d'y faire honneur!

– Et nous aussi! s'écrièrent les cinq convives. Cela donne très faim d'être très contents!»

Quelques jours après, l'interdiction impériale étant levée, le mariage s'accomplissait.

Les deux époux s'aimaient! Ils devaient s'aimer toujours!

Mille et dix mille félicités les attendaient dans la vie!

Il faut aller en Chine pour voir cela!

(1879)

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