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D’un Bouvier.

Un Bouvier, paissant un troupeau de Boeufs, perdit un Veau. Il passa son temps à parcourir tous les endroits déserts et à faire des recherches, mais il ne découvrit rien. Alors il promit à Jupiter, au cas où il trouverait le Voleur qui avait pris son Veau, de lui offrir un Chevreau en sacrifice. Il arriva dans un bois de chênes et là il découvrit que le Veau avait été dévoré par un Lion. Éperdu et terrifié, levant les mains au ciel, il s’écria: – Seigneur Jupiter, je t’avais promis de te donner un Chevreau si je découvrais mon Voleur. Maintenant je te promets un taureau si j’échappe à ses coups. – Cette fable convient aux malheureux qui, en cas de perte demandent aux dieux de trouver la chose perdue et qui, l’ayant trouvée, cherchent à ne pas tenir leur promesse.

Du Bouvier et de Hercule.

Un Charretier emmenait d’un village un chariot qui glissa dans une fondrière. Il lui fallait du secours et il se tenait là sans rien faire, implorant Hercule. Car c’était ce dieu qu’il aimait et honorait entre tous. Alors le dieu lui apparut et lui dit: – Mets la main aux roues, pique tes Boeufs et ensuite implore le dieu quand à ton tour tu agiras. En attendant, ne fais pas de prières en vain. -

Du Grammairien qui enseignait un Âne.

Un Grammairien se glorifiait d’exceller dans son art au point que, moyennant un salaire convenable, il s’engageait à instruire non seulement des Enfants, mais même un Âne. Le Prince, apprenant la folle témérité du personnage, lui dit: – Si je te donnais 50 ducats, répondrais-tu de pouvoir en dix ans faire l’instruction d’un Âne? – Dans son imprudence, il répondit qu’il acceptait la mort si, dans cet espace de temps son Âne n’arrivait pas à lire et à écrire. Ses amis étaient étonnés de ses paroles: ils lui reprochaient de s’engager à faire une chose non seulement malaisée et difficile, mais même impossible, et ils craignaient qu’à l’expiration du délai il ne fut mis à mort par le Prince. Il leur répondit: – Avant le terme, ou l’Âne mourra, ou le Roi, ou moi. – Cette fable montre aux gens qui sont exposés à un danger que le délai souvent leur vient en aide.

Du Mari et de sa Femme.

Un Homme, dont la Femme était détestée de tous les gens de la maison, voulut savoir si elle inspirait les mêmes sentiments aux Serviteurs de son Père. Sous un prétexte spécieux il l’envoie chez celui-ci. Peu de jours après, quand elle revint, il lui demanda comment elle était avec les gens de là-bas. Elle répondit que les Bouviers et les Pâtres la regardaient de travers. – Eh bien, Femme, si tu es détestée de ceux qui font sortir leurs troupeaux à l’aurore et qui ne rentrent que le soir, à quoi faudra-t-il s’attendre de la part de ceux avec qui tu passes toute la journée. – Cette fable montre que souvent on connaît les grandes choses par les petites et les choses incertaines par celles qui sont manifestes.

D’un Oiseleur et d’un Pinson.

Un Oiseleur avait tendu ses filets aux Oiseaux et répandu pour eux sur l’aire une pâture abondante. Cependant il ne prenait pas les Oiseaux en train de picorer parce qu’ils lui semblaient trop peu nombreux. Ceux-ci une fois rassasiés s’envolèrent. D’autres vinrent en quête de nourriture. Cette fois encore il dédaigna de les prendre, à cause de leur petit nombre. Le même manège dura toute la journée: des Oiseaux survenaient, d’autres s’éloignaient et l’Homme attendait toujours une proie plus considérable. Enfin le soir commença à tomber. Alors l’Oiseleur perdant l’espoir de faire une grande prise et songeant qu’il était l’heure de se reposer, ramassa ses filets. Il prit seulement un Pinson qui, le malheureux s’était attardé sur l’aire. Cette fable montre que ceux qui veulent tout embrasser, bien souvent ne prennent, et à grand-peine, que peu de choses.

Du Vieillard qui voulait remettre sa mort à plus tard.

Un Vieillard demandait à la Mort, qui était venue pour l’arracher à cette terre, de différer un peu jusqu’à ce qu’il eut dressé son testament et qu’il eut fait tous ses préparatifs pour un si long voyage. Alors la Mort: – Pourquoi ne les as-tu pas faits, toi que j’ai tant de fois averti? – Et comme le Vieillard disait qu’il ne l’avait jamais vue, elle ajouta: ·- Quand j’emportais jour par jour non seulement tes contemporains, dont pas un presque ne survit, mais encore des Hommes dans la force de l’âge, des Enfants, des Nourrissons, ne t’avertissais-je pas que tu étais Mortel? Quand tu sentais ta vue s’émousser, ton ouïe s’affaiblir, tes autres sens baisser, ton corps s’alourdir, ne te disais-je pas que j’approchais? Et tu prétends que je ne t’ai pas averti? Allons, il ne faut pas tarder davantage. – Cette fable apprend qu’il convient de vivre comme si nous voyions la Mort devant nous.

Du Lion, du Loup et du Renard.

Un Lion devenu vieux était malade et restait couché dans son antre. Pour visiter le Roi, tous les Animaux étaient venus, sauf le Renard. Le Loup, saisissant l’occasion, accusait le Renard auprès du Lion, disant qu’il ne faisait aucun cas de leur Maître à tous et ne venait même pas le visiter. Au même moment le Renard arriva et il entendit les derniers mots du Loup. Le Lion rugit contre lui, mais l’autre ayant demandé à se justifier: – Et qui donc, dit-il, de tous ceux qui sont ici t’a été utile autant que moi? Je suis allé partout, j’ai demandé à un Médecin un remède pour toi et je l’ai obtenu. – Le Lion aussitôt lui ordonna de révéler ce remède. Alors le Renard dit: – C’est d’écorcher vif un Loup et de revêtir sa peau chaude encore. – Et le Loup aussitôt fut étendu mort. Alors le Renard dit en riant: – Voilà comme il faut exciter le Maître à des sentiments non de malveillance, mais de bonté. – Cette fable montre que quiconque trouve contre un autre de perfides desseins prépare un piège contre lui-même.

Du Cochon et du Renard.

L’Âne ayant la charge de la Chèvre, de la Brebis et du Porc se rendait à la ville. Comme le Renard avait entendu le Porc crier pendant tout le chemin, il lui demanda pourquoi, tandis que les autres se laissaient mener sans mot dire, il était le seul à crier. Il répondit: – Oui, mais moi, ce n’est pas sans raison que je me plains. Je sais en effet que le Maître épargne la Brebis qui lui donne du lait et de la laine, la Chèvre à cause de ses fromages et de ses Chevreaux, mais moi j’ignore à quoi d’autre je puis être bon. De toute façon il me tuera. – Il ne faut pas blâmer ceux qui déplorent leur propre sort, quand ils pressentent les malheurs qui leur sont réservés.

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