– Encore? dit-il en le repoussant doucement. Je t’en prie, Bernard, calme-toi.
– George! George! et tu meurs par mes mains!
– Que veux-tu? Je ne suis pas le premier Français tué par un frère… et je ne crois pas être le dernier. Mais je ne dois accuser que moi seul… Lorsque Monsieur, m’ayant tiré de prison, m’emmena avec lui, je m’étais juré de ne pas tirer l’épée… Mais quand j’ai su que ce pauvre diable de Béville était attaqué… quand j’ai entendu le bruit des arquebusades, j’ai voulu voir l’affaire de trop près.
Il ferma encore les yeux, et les rouvrit bientôt en disant à Mergy:
– Madame de Turgis m’a chargé de te dire qu’elle t’aimait toujours.
Il sourit doucement.
Ce furent ses dernières paroles. Il mourut au bout d’un quart d’heure, sans paraître souffrir beaucoup. Quelques minutes après, Béville expira dans les bras du moine, qui assura dans la suite qu’il avait distinctement entendu dans l’air le cri de joie des anges qui recevaient l’âme de ce pêcheur repentant, tandis que, sous terre, les diables répondirent par un hurlement de triomphe en emportant l’âme du capitaine George.
On voit dans toutes les histoires de France comment La Noue quitta La Rochelle, dégoûté de la guerre civile, et tourmenté par sa conscience qui lui reprochait de combattre contre son roi; comment l’armée catholique fut contrainte de lever le siège, et comment se fit la quatrième paix, laquelle fut bientôt suivie de la mort de Charles IX.
Mergy se consola-t-il? Diane prit-elle un autre amant? Je le laisse à décider au lecteur qui, de la sorte, terminera toujours le roman à son gré.
1829