Note du traducteur
Cette traduction veut avant tout rester fidèle à l’esprit du texte de Carlo Collodi en cherchant à éviter toute tentation interprétative comme toute mise en forme un peu recherchée qui auraient eu pour effet de trahir un style volontairement simple, net, très précis. C’est d’ailleurs justement ce style n’aimant ni les fioritures ni les effets de plume qui a permis à la langue écrite de Carlo Collodi de ne pas vieillir, bien que plus d’un siècle nous sépare d’elle. Si le passage d’une langue à l’autre nécessite forcément quelques aménagements, l’essentiel de ce conte du 19e siècle italien a encore l’étrange pouvoir de se glisser avec aisance dans le gant de la langue française du 21e siècle. Ce n’est pas la moindre des qualités de cet inusable Pinocchio.
Ces qualités sont multiples. Notamment: plongée saisissante de justesse dans le monde de l’enfance, plaidoyer toujours émouvant en faveur de l’instruction seule capable d’éviter la misère et les naufrages humains, puissante parabole sur la paternité (Geppetto) comme sur la maternité (La Fée), pamphlet égratignant avec humour quelques institutions (médecine, justice, monde politique), hommage à la Nature dont les habitants – les animaux – ne cessent d’intervenir dans l’itinéraire brouillon de la marionnette comme autant de balises lui servant de guides ou de repoussoirs… le tout en un savant enchevêtrement mêlant intimement merveilleux et réalité. On n’en finit pas de découvrir de nouvelles raisons d’aimer ce grand roman de l’enfance sage et fou à la fois et à la générosité débordante.
Il semble convenu, aujourd’hui, de traduire «burattino» par «pantin». Mais ce terme a une connotation péjorative et il lui a donc été préféré «marionnette», plus ludique donc plus en accord avec la personnalité fantaisiste du jeune héros de cette histoire.
Claude Sartirano
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Biographie
Carlo Lorenzini, dit Collodi, est né à Florence en 1826 dans une famille modeste. Collodi, son pseudonyme d’écrivain et de journaliste, est le nom du village natal de sa mère où lui-même séjourna enfant. Après des études dans une école religieuse, il rédige des notes pour une bibliothèque de la capitale toscane et entreprend parallèlement une carrière de journaliste qui l’amène à fonder en 1848 son propre journal, Il Lampione (Le Réverbère), où il exerce sa verve satirique. Interdit l’année suivante, il lance alors La Scaramuccia (L’Escarmouche), à l’existence également éphémère. Patriote, il s’engagera pour lutter contre l’oppression autrichienne en 1848 ainsi qu’en 1859, cette fois aux côtés de Garibaldi.
Son oeuvre proprement littéraire – romans et pièces de théâtre – reste confidentielle jusqu’à 1875, année où il traduit pour un éditeur florentin «Les Contes de Perrault». Ce travail lui ouvre des horizons nouveaux et il va désormais se consacrer avec succès aux livres pour enfants, notamment la série des Giannettino (Jeannot), où il tente de dépoussiérer un genre en vogue à l’époque: la narration à but éducatif. C’est dans la foulée de cette activité littéraire plus ou moins personnelle qu’il va confier en 1881 au Giornale per i Bambini (Journal des Enfants) un feuilleton de «pur divertissement» intitulé «Histoire d’une marionnette». On sait que cette première mouture des «Aventures de Pinocchio» s’arrêtait à la fin du chapitre 15 de la présente version, c’est à dire à la mort annoncée de son héros, pendu à un arbre par des brigands. Il fallut toute la ténacité de ses jeunes lecteurs qui exigeaient une suite pour que Collodi, qui avait la réputation d’être plutôt paresseux, se remette à l’ouvrage et termine, bien des péripéties plus tard, son chef d’œuvre qui sera publié en volume dés 1883.
D’autres contes suivront qui n’auront évidemment pas le retentissement de ce texte génial diffusé et traduit dans le monde entier. Collodi meurt en 1890 dans sa ville natale. Ses manuscrits sont conservés par la Bibliothèque Centrale de Florence
Claude Sartirano