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ART. 7. Le nombre multiplié des privilégiés ajoute encore tellement à leur ruine, qu’ils partagent entre eux une très grande partie des propriétés de cette petite ville, comme une partie de ses entours.

ART. 8. Ils sont très chargés de rentes, en comparant la nature du sol avec le cens, et sont encore vexés par la manière cruelle et arbitraire avec laquelle les agents des seigneurs les perçoivent.

ART. 9. Les pauvres y sont sans aucunes ressources, surtout dans leurs maladies et dans la vieillesse, faute de chirurgiens publics, d’accoucheuses, de remèdes, et surtout d’hôpital, dont les revenus déjà très modiques viennent d’être enlevés aux justes prétentions des malheureux et réunis à une abbaye déjà trop riche (celle de Bournet) par un individu que le caractère de son état devrait rendre sensible à la calamité publique pour en remplir les saintes vues.

ART. 10. Ils ont la douleur de se trouver dans la funeste impossibilité de donner l’éducation convenable à leurs enfants, et ce devoir le plus sacré, comme le plus cher aux pères et comme le plus beau et le plus doux lien de la société civile, et enfin le plus important à remplir, est ici entièrement sans force et sans vigueur par l’incapacité et le peu d’assujettissement d’un instituteur qui, faisant notoirement en paroisse étrangère un état différent, palpe les revenus d’une fondation établie pour une école publique de la langue latine et de la langue française, où les pauvres pouvant, selon les intentions des fondateurs, se présenter et être instruits gratis, ont été jusqu’ici durement privés de cet avantage.

Les habitants avaient une fois tenté les moyens de ramener l’ordre et de détruire un pareil abus. Ils s’étaient pourvus devant la Cour supérieure de Poitiers pour faire remplacer l’instituteur actuel; mais les malheureux habitants ne peuvent se dissimuler que la brigue et la faveur seule dictèrent un arrêt contraire à leurs justes prétentions.

ART. 11. Non seulement cette petite ville se trouve privée de tout commerce, attendu que tous les chemins qui font son abord sont presque impraticables, mais même se détruisent journellement, attendu que quelques propriétaires de moulins, pour agrandir leurs héritages, ont par une témérité des plus répréhensibles détourné le cours du ruisseau, ce qui non seulement porte un préjudice considérable à la plus grande partie des habitants des lieux bas de la ville, mais encore les expose à des inondations aussi fréquentes que funestes. L’expérience l’a assez démontré. On a requis dans ces cas malheureux le transport d’un commissaire pour en constater; on a adressé des plaintes à l’intendant de la province, et toutes réclamations ont été jusqu’à ce jour vaines et illusoires.

ART. 12. Des vues louables et dirigées par une connaissance parfaite de la détresse des habitants de cette ville avaient déterminé M. l’abbé de Moriès, prédécesseur de l’abbé actuel de Bournet, à fonder, lors de la suppression des moines de cette abbaye et avec l’agrément du Roi, deux places franches au séminaire d’Angoulême pour des sujets de cette ville. Les humiliations en tous genres qu’ont éprouvées, dès l’abord même du séminaire, de la part des supérieurs, ceux des sujets qui s’y sont présentés pour occuper ces places les ont déterminés à renoncer à de si justes prétentions. De pareils procédés de la part d’un corps déjà trop riche et trop gratifié donnent de justes alarmes aux habitants de cette ville et leur font craindre de même que les vues de l’estimable fondateur ne soient éludées par ce même corps pour tourner uniquement à son profit.

MM. de l’assemblée intermédiaire sont suppliés de faire parvenir par leurs députés aux Etats généraux les justes réclamations de cette ville et d’insister fortement à ce que le droit à ces places franches au séminaire soit mis en vigueur, ou que les revenus qui les y assurent aux habitants de Blanzac soient au moins réversibles à cette petite ville pour un hôpital, ou pour y établir deux places de maîtres de langues, qui puissent offrir des ressources à l’éducation de la jeunesse trop malheureusement et trop longtemps négligée.

Fait en la salle du syndic de ladite ville le 5 mars 1789.»

Комментарии

Cahier m de doléances (cahiers de doléances, «тетради жалоб») – во Франции Старого порядка (Ancien Régime) составляемые сословиями, корпорациями и сообществами пожелания для передачи их королю. В данном случае, нака́зы Генеральным штатам – список жалоб и пожеланий, составляемый в каждом бальяже перед выборами депутатов от каждого сословия. Впоследствии пожелания сводились в единый список от каждого сословия и передавались монарху, который обсуждал их на Королевском совете и давал сословиям некий ответ. Впервые были составлены в 1467 г. Наказы 1789 г. являются важным источником для понимания жизни Франции до Французской революции.

frais m pl de perception – то, что добавлялось к сумме налога и должно было идти на оплату его сбора. Эта прибавка могла быть очень существенна, особенно для тех налогов, которые отдавались на откуп.

droits m pl de contrôles – право государства контролировать нотариальные и ряд других актов. С одной стороны, это должно было защитить подданных от злоупотреблений, с другой – требовало уплаты пошлины.

aides f pl – косвенные налоги на ряд товаров, преимущественно напитки и продукты питания.

cens m – ежегодные повинности, которые должен сеньору держатель цензивы.

Assemblée f intermédiaire – промежуточное собрание, второй этап выборов в депутаты Генеральных штатов от третьего сословия.

syndic m – синдик, представитель местного сообщества, избираемый для отстаивания его интересов перед сеньором и другими властями, а также для ведения ряда дел (например, сбора налогов, созыва ополчения, контроля за размерами барщины).

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La révolution devient violente. Les journées d’Octobre

Après la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 et l’émeute parisienne, le calme ne revient pas. Dans toutes les provinces l’agitation grandit. Pendant l’automne, les conflits se multiplient entre la nouvelle assemblée permanente (l’Assemblée nationale) et le Roi. La crise économique s’intensifie. Des rumeurs de complots contre l’Assemblée se propagent dans Paris. Le 5 octobre une foule insurrectionnelle, venue de la capitale, pénètre dans le château de Versailles et s’empare de la famille royale ramenée contre son gré à Paris le 6.

Mémoire de Madame de la Rochejaquelein

«Mon père, ma mère et Mme d’Estourmel furent les seuls du château qui veillèrent; comme nos fenêtres donnaient sur la rue des Réservoirs, et qu’on découvrait de là la place d’Armes et la cour des Ministres, on y voyait mieux l’agitation du peuple que partout ailleurs du château. On avait fait atteler quinze voitures du Roi à huit heures du soir, afin qu’il pût fuir avec ses gardes; mais, au lieu de leur faire traverser la place d’Armes et les cours, pour de là gagner la terrasse, ce qui était très facile, toutes les troupes étant alors sous les armes, on leur fit prendre le chemin de la grille du Dragon, par les rues, sans escorte; le peuple les força à retourner, plusieurs écuyers coururent risque de la vie; on vint dire à ce pauvre Roi que les voitures ne pouvaient arriver au château; ainsi il fut trahi encore pour cet objet.

On fit ranger les gardes du corps à cheval sur la terrasse pendant la nuit, et peu après on les fit partir pour Rambouillet.

Sur les cinq heures, maman vit beaucoup de peuple courir avec violence par des mouvements tumultueux; c’était de loin, elle ne put distinguer ce que c’était; elle sortit de son appartement avec mon père et Mme d’Estourmel; ils traversèrent la galerie de l’Opéra pour aller au vestibule de la Chapelle, qui menait à la grande galerie. Ils trouvèrent les portes fermées et tout dans la plus profonde tranquillité; heureusement ils rentrèrent, car l’instant d’après, la minute avant que le peuple envahît, nos domestiques vinrent dire que les gardes du corps étaient devenus fous; deux, courant à toutes jambes, avaient voulu entrer, on avait fermé la porte sur eux. Alors maman, ne pouvant plus tenir à ses inquiétudes, demanda à la sentinelle de la garde nationale, qui était à la porte de la cour de l’Opéra, sous ses fenêtres (mais elles étaient élevées à une hauteur énorme sur la rue), ce qui se passait dans la cour des Ministres, où elle voyait toujours le peuple dans la même agitation. Il dit: « Ce sont les gardes du corps, madame, » et il fît signe qu’on leur coupait la tête. Il n’était resté à Versailles que ceux de service, environ deux cents: ils furent poursuivis, plusieurs tués en se défendant en héros, la plupart se sauvèrent par mille déguisements. D’ailleurs on ne cherchait certainement pas à en tuer beaucoup, les meneurs surent bien arrêter le peuple, quand ils le voulurent.

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