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Вяземскому П. А., ноябрь — декабрь 1844

105. П. А. ВЯЗЕМСКОМУ Ноябрь — декабрь 1844 г. Петербург

Jeudi

Voici, mon Prince, l’article non-mutilé. J’oserai seulement vous prier de le lire un peu vite pour que je puisse au plutôt restituer le livre au propriétaire qui le réclame. Lisez seulement les trois derniers chapitres de l’article, les Polonais, les Russes et l’aperçu général. Tout le reste se trouve à peu près intact dans votre exemplaire. Mais n’est-il pas attristant de voir qu’un étranger, un ennemi presque, a de nous-même, de ce que nous sommes et pouvons être, toute cette intelligence, toute cette conscience historique qui nous manque si complètement et ce qui le prouve, c’est que bien des hommes, même les plus avancés parmi nous, auront lu cet article sans y rien comprendre… Il y a plus. Il y a sous la haine de cet étranger non seulement plus d’intelligence, mais encore plus de sympathie. Comparez, je vous prie, le coup d’œil si poétique et pourtant si vrai qu’il jette sur la carte de la Russie, avec toutes les ignobles petites caricatures, prétendues nationales, dont nous nous sommes mis depuis quelque temps à illustrer le pays…

Une des dispositions les plus chagrinantes qui se remarquent en nous, c’est cette disposition à entrer dans toutes les questions par leur côté le plus mesquin et le plus ignoble. Ce besoin d’aborder le château par la basse-cour. Ceci est mille fois pis qu. Car l’ignorance, dans une nature saine, est croyante et merveilleuse, tandis que cette disposition-là est à tout jamais stérile.

Quand on lit quelques-unes de nos productions nouvelles inspirées par cet amour exclusif de la caricature on est souvent obligé de convenir que parmi nous la caricature est bien moins affaire d’imagination qu’affaire de caractère, ce qui n’est pas du tout la même chose. C’est la différence qui sépare l’esprit d’Aristophane de ce génie d’esprit qu’à défaut de périphrase on pourrait tout bonnement appeler l’esprit goujat.

Si je ne savais pas, mon Prince, quelle est votre répugnance à prêter des livres, je me hasarderais à vous demander quelques livres russes, p e, un volume ou deux de Gogol, de la dernière édition, où se trouvent des morceaux détachés que je ne connais pas.

Où en est votre notice sur Kriloff? Où vous verra-t-on ce soir? Moi, je compte aller ce soir chez les Karamzine.

Mille respects. T. T.

Перевод

Четверг

Вот, князь, статья в неизувеченном виде. Осмелюсь только просить вас прочесть ее скорее, дабы я мог незамедлительно вернуть книгу владельцу, который ее требует. Читайте только три последние главы: поляки, русские и общий обзор, все остальное находится почти без изменений в вашем экземпляре. Но не прискорбно ли видеть, что иностранец, почти враг, имеет о нас, — о том, что мы есть и чем можем быть, — такое точное понятие и такой ясный на нас взгяд, чего мы совершенно лишены; доказательством этому служит то, что у нас весьма многие, даже из числа наиболее передовых людей, прочтут эту статью и ничего в ней не поймут… Скажу больше: в ненависти этого иностранца заключается не только больше понимания, но и больше симпатии. Сравните, прошу вас, его столь поэтический и, однако же, столь верный очерк карты России с теми гнусными мелкими карикатурами, якобы народными, коими мы принялись с некоторых пор прославлять нашу страну…

Одна из наиболее прискорбных наклонностей, замечаемых у нас, — это наклонность подходить ко всем вопросам с их самой мелочной и гнусной стороны, потребность проникать в хоромы через задний двор. Это в тысячу раз хуже невежества. Ибо в простой здоровой натуре невежество простодушно и забавно, тогда как эта наклонность изобличает и вседа будет изобличать одну лишь злость.

Читая некоторые из наших новых произведений, вдохновленных этой исключительной любовью к карикатуре, приходится зачастую сознаваться, что у нас карикатура — гораздо менее плод творческой фантазии, чем потребность самой натуры, а это совсем не одно и то же. Тут такая же разница, как между остроумием Аристофана и тем родом остроумия, которое, за неимением подходящего иносказания, можно было бы назвать просто-напросто площадным.

Если бы я не знал, князь, как вы не любите одолжать книги, я решился бы попросить у вас несколько русских книг: один или два тома Гоголя, последнего издания, где находятся отдельные произведения, с которыми я еще не знаком.

В каком положении ваша заметка о Крылове? Где можно видеть вас сегодня вечером? Я предполагаю отправиться вечером к Карамзиным.

Усердно кланяюсь. Ф. Т.

Тютчевым И. Н. и Е. Л., 7 декабря 1844

106. И. Н. и Е. Л. ТЮТЧЕВЫМ 7 декабря 1844 г. Петербург

St-Pétersbourg. Ce 7 décembre

Malgré la recommandation de papa je ne suis pas sans inquiétude, chère maman, au sujet de votre santé et je ne serai tranquille que quand j’aurai revu de votre écriture, et je ne le serai tout à fait que quand je vous aurai revu vous-même. Je n’ai guères lieu non plus d’être grandement satisfait de ma santé depuis mon arrivée. Si le séjour de ce pays convient à tous mes goûts et instincts, ce terrible climat est décidément contraire à ma nature. Je ne sens que trop que j’ai entièrement perdu l’habitude de l’hiver russe. C’est le premier depuis 1825 que je subis. La vie de Pétersb n’est guères propre, non plus, à conserver la santé. Il est rare que je rentre chez moi avant deux heures du matin, et cependant il n’y a eu jusqu’à présent qu’un seul bal. La plupart du temps ce ne sont que de simples soirées de causerie. Ce soir nous allons chez la Ctesse Woronzow, où il y aura, dit-on, une réunion de 400 p et où l’on fera de la musique. La Ctesse de Nesselrode est attendue dans le courant de la semaine prochaine. Je compte un peu sur sa présence pour activer les dispositions favorables qu’on m’assure exister à mon égard. Au reste, quelques personnes qui sont dans l’intimité du V-Chancelier m’assurent que j’aurai tout lieu d’être satisfait de lui et qu’on allait commencer par me rendre la clef.

L’autre jour j’avais été invité à une petite soirée chez la G-Duchesse Hélène, mais par une sotte méprise au lieu de moi c’est un Mr Тучков qui a eu l’invitation, un vieux Mr Тучков, peu causeur de son métier et n’allant guères dans le monde. Il se rendit pourtant à l’appel et ce n’est que dans l’antichambre du palais Michel qu’il recouvert la méprise. Mais il était trop tard pour la réparer.

Je suppose Nicolas arriver ou sur le point d’arriver. Ce n’est pas le manque de neige qui le retiendra dorénavant. Car depuis quelques heures il en est tombé en immense quantité. Au reste, j’accepte la neige, ainsi que tous les autres attributs de l’hiver. Il n’y a que le grand froid que je n’accepte pas, et nous commençons à nous apercevoir, ma femme et moi, que nos vêtements d’hiver allemand ne sont plus à la hauteur de la circonstance.

J’ai revu l’autre jour Евт<их> Ив<анович> Сафонов qui se conserve étonnamment bien. Nous sommes très satisfaits de notre établissement, et mon seul regret c’est qu’il ne soit pas à Moscou.

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