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Le Lièvre et la Tortuë
Le Lievre à la Tortue insultoit: ma commère,
Lui dit-il, on prétend que vous avez jadis,
A la course; sur moi remporté certain prix,
Sans alonger beaucoup votre pas ordinaire.
Qu'en dites-vous? Vous sentez-vous d'humeur
A renouveler la gageure?
Mais, croyez-moi, pour hâter votre allure,
Et ne pas compromettre aujourd'hui votre honneur,
Laissez, pour un moment, votre toit en arrière,
Votre attirail n'est pas celui d'une courrière.
Profitez de l'avis de votre Serviteur;
Je vous parle en ami, vous en serez plus leste.
Autre part que chez vous ne pouvez-vous gîter?
Dans tous les environs j'ai des gîtes de reste,
En petite maison je prétends vous traiter…
Ce n'est pas comme vous, dolente casanière,
Qui dans un même trou languillez prisonnière.
Mais cette nuit pourtant il vous faut découcher.
Haut le pied: à ton toît tâche de t'arracher,
Dégourdis-toi, vieille sorcière.
La Tortue alongeant le cou,
Repartit: Vous raillez, voltigeur, mon compère;
Si je ne quitte pas mon trou,
Aussi ne m'y trouble-t-on guère.
Bien différent de moi, vous avez cent maisons?
Pour déloger souvent vous avez vos raisons,
Que je crois toutes assez bonnes…
Compère, mon ami, ton sommeil n'est pas pur.
Dans tous tes gîtes tu frissonnes;
Je n'en ai qu'un, mais il est sûr.

VIII. Пауки[75]

Паучиха, ткачиха искусная,
Характер имела к тому весьма гнусный.
Когда обнаружилось, что тонкую нить
На пользу себе мы б могли применить,
Собрали премного прядильщиц изрядных —
Те дамы все были как есть плотоядны:
Без счёту давалось им мошкары,
Клопов, земляных червяков и тли;
Думалось, что пожелают свершить они чудо.
Но их заботою стало грызть глотки друг другу;
И всё, что дано из затеи нам вынести этой —
Урок, которым не может пренебрегать беззаветно
Монарх, коли он прослыть средь потомков искусным желает:
Злодеи, кроме как вздора, ничего боле не знают,
Не ждите добра, когда соберутся они —
Их надо рассеять ради блага людей и страны.
Les Araignées
L'Araignée, habile ouvrière,
Unit à son talent un méchant caractère.
Quand on eut découvert que son fil délié
Utilement pour nous pourroit être employé,
On réunit en corps nombre de filandières.
Ces Dames de tout temps ont été carnacières;
On leur fournit des Moucherons,
Des Vermisseaux, des Pucerons;
On croit qu'elles vont faire à l'envi des merveilles.
Leur unique souci fut de s'entr'égorger;
Et tout le fruit qu'on tira de leurs veilles,
Ce fut cette leçon, que ne peut négliger
Le Monarque, s'il est habile:
Les méchans n'ont souvent qu'un talent inutile;
N'attendez rien de bon de leur corps réuni,
Il faut les disperser pour en tirer parti.

IX. Лев и обезьяна[76]

Король зверей, геройством знаменитый,
Любовью к правде, но всего же боле
Прозваньем Александр[77], так гласит история,
Изволил, чтоб властитель именитый
Запечатлён был Жилем для потомков.
И Александр-зверь
Художника, увы, не впечатлил;
Хоть мненьем тот своим и обладал,
Однако ж полагал,
Что мудрый царь художников, своих вассалов,
Когда б искусством вдохновился,
Имел бы целый двор, поверь.
Тогда бы Жиль
У тех художников сюжет сыскал,
О подвиге, который короля бы украшал,
И царь в апофеозе б славы был.
Все мнения собрав,
Жиль выяснил, что царь когда-то жизнь оставил
Мышонку, что по глупости да из норы отправясь,
На горе в царских ощутил себя когтях.
Сие открытье всех как громом поразило:
Народ ликует и взволнован двор.
«Ужель то наш король?» – все обратили взор.
А Жиль, что тонкий штрих увидеть в силах,
Смысл тайный отыскал,
Что лев не мимолётной славы жаждал,
А выбрал путь в историю однажды.
Жиль в студию вбежал,
Иной портрет он мигом написал:
Там Лев-король, роскошную свою взъерошив гриву,
В пыли терзал поверженного тигра.
Монарх промолвил: «Вряд ли это я,
Но так, – сказал он, – пусть узнают короля».
Le Lion et le Singe
Un Roi des animaux, fameux par mille exploits,
Ami de la vertu, mais sur – tout de la gloire,
Alexandre de nom et d'effet, dit l'histoire,
Permit que du plus grand des Rois,
Gille – Appelle transmît les traits à la mémoire.
L'Alexandre des animaux
N'inspira point le Peintre, ainsi qu'il est d'usage;
Car bien qu'il eût du goût, il croyoit, en Roi sage,
Que les artistes, ses vassaux,
Quand il s'agissoit d'arts, en avoient davantage.
Gille, dans cette occasion,
Consulta les sujets, en peintre de génie:
Quelle étoit de leur Roi la plus belle action?
La plus belle, à leurs yeux, ou la plus applaudie?
Tous les avis considérés,
Gille représenta le Roi donnant la vie
Au Rat, qui de son trou sortant à l'étourdie,
Se trouvoit, par malheur, sous les ongles sacrés.
Ce chef – d'oeuvre enchantoit les juges éclairés,
Le peuple l'admira; la cour en fut émue.
Le Roi ne le fut point; il détourna la vue.
Et comme Gille étoit habile observateur,
Il comprit, non pas
Qu'Alexandre Lion jugeoit que pour la gloire
On auroit pu choisir un autre trait d'histoire.
Il se remet à l'attelier,
Fait un nouveau portrait différent du premier:
Ici le Roi Lion hérissant sa crinière,
Au Tigre rugissant fait mordre la poussière.
Le Monarque dourit: J'ignore si c'est moi;
Mais à ces traits, dit – il, on reconnoît un Roi.
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75

Сравните с образом социалистов у Ф.Ницше ("Так говорил Заратустра: книга для всех и ни для кого", часть II, гл. VI, текст 1 см. Приложение 8).

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76

Продолжение басни Лафонтена Le Lion et le Rat (см. Приложение 9).

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77

Намёк на Александра Македонского; аналогии с басней Лафонтена «Дань зверей Александру» считаю излишними.

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