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Il interrogea le geôlier qui lui apportait à manger: et le geôlier lui répondit qu’il lui était défendu de parler aux prisonniers. Il demanda à voir le gouverneur, et il lui fut dit que le gouverneur avait bien autre chose à faire que de se rendre aux appels des pensionnaires de la Bastille.

À mesure que le chevalier se rendait mieux compte de sa situation, à mesure qu’il comprenait qu’il ne sortirait jamais de cette affreuse prison, son désir de liberté devenait plus frénétique.

Il eut des accès de colère furieuse, il eut des crises de désespoir.

Et il en vint à se dire:

– Qu’elle ne m’aime pas, soit!… Je ne demande pas qu’elle m’aime! Mais ne plus la voir! Jamais! Jamais! Oh! ceci est atroce!… Je veux la revoir, ne fût-ce qu’une seule fois, ne fût-ce que pour lui dire que je meure d’amour et que je meure en l’adorant!… Oui, oh! oui, la revoir… à tout prix!…

Alors, il se mit à chercher un moyen d’évasion.

Mais il dut se rendre à l’évidence: à moins d’un prodigieux hasard, il lui fallait compter au moins plusieurs années de travail assidu avant de pouvoir réaliser un projet offrant une chance de réussite…

Vivre jusque-là sans la revoir, c’était impossible!…

Dès lors, une mortelle angoisse s’empara de lui. Et comprenant qu’à creuser toujours cette même idée, à se repaître du désespoir de ne plus voir celle qu’il adorait, il allait devenir fou, il prit la résolution de se tuer…

Comme il venait de s’étendre sur sa couchette pour chercher un moyen de suicide prompt et sûr, la porte de son cachot s’ouvrit brusquement; un homme qu’il ne connaissait pas entra, et repoussa derrière lui la porte tandis que le geôlier demeurait dehors…

Cet homme s’approcha du chevalier qui, hagard, haletant, s’était soulevé sur sa couchette.

Il s’assit sur l’escabeau, sourit mystérieusement, plaça un doigt sur sa bouche pour recommander le silence, et, à voix basse, prononça:

– Je vous apporte des nouvelles de Jeanne!…

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