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Эти чрезвычайные меры общественного спасения принесли величайшую пользу не архиереям и не отцам отечества, а юным нашим нигилисткам.

Им недоставало одного – отбросить театральную сторону, мундир, и развиваться во всю ширь и со всей свободой. Снять одежду, которой придавалось условно-партийное значение, – вещь нелегкая. Государство, со своей обычной грубостью, взяло это на себя, оставив вдобавок маленький ореол мученичества на их стриженых волосах.

Теперь избавившись от своего костюма, плывите в просторы, «nel largo oceano»[726].

* * *

Авторские переводы

R. Owen*

Chapitre I

Bientôt après mon arrivée à Londres en 1852 j’ai reçu une lettre de la part d’une dame – elle m’invitait de venir passer un couple de jours à sa ferme à Seven Oaks. Je fis sa connaissance à Nice en 1850 – elle connut et quitta notre famille avant les terribles orages. Je voulais moi-même la voir – je sympathisais avec le pli élégant de son esprit, qui1[727]

Chapitre II

R. Owen donna à un de ses articles le titre Essai de changer l'asyle des aliénés dans lequel nous vivons – en un monde rationnel.

Ce titre rappelle à son biographe le propos suivant tenu par un malade enfermé à Bedlam: «Tout le monde me prend pour un fou, – disait-il, – moi j’ai la même opinion de tout le monde; malheureusement la majorité n’est pas de mon côté».

Cela explique très bien le titre d’Owen et jette une grande lumière sur la question. Nous sommes convaincus que la portée de cette comparaison a échappé au sévère biographe. Il a voulu seulement insinuer qu’Owen était fou – et nous ne voulons pas le contredire, – mais cela n’est pas une raison pour penser que tout le monde ne l’est pas.

Si Owen était fou – ce n’est nullement parce que le monde le pensait tel, et que lui-même le pensait de tout le monde. Mais bien parce qu’Owen – connaissant qu’il demeurait dans une maison des aliénés – parlait soixante ans de suite aux malades – comme s’ils étaient parfaitement sains.

Le nombre des malades n’y fait absolument rien. La raison a sa justification, son criterium ailleurs – elle ne se soumet jamais à la majorité des voix. Si toute l’Angleterre, par ex., se prenait de croire que les «mediums» évoquent les esprits des défunts – et Faraday lui seul le nierait – la vérité et la raison seraient de son côté et non du côté de toute la population de l’Angleterre. Et cela n’est pas tout – supposons que même Faraday partagerait l’erreur – eh bien, dans ce cas la vérité concernant le sujet n’existerait pas du tout et l’absurdité adoptée par l’unanimité des voix ne gagnerait rien – elle resterait ce qu’elle a été – une absurdité.

La majorité contre laquelle se plaignait le malade de Bedlam – n’est pas formidable suivant qu’elle a raison ou tort, mais parce qu’elle est très forte et les clefs de Bedlam sont dans ses mains.

La notion de la force n’implique pas comme nécessaire – ni la conscience, ni l’intelligence. Plutôt le contraire – plus une force est inintelligente – plus elle est indomptable, terrible. On peut se sauver assez facilement d’un aliéné, cela devient plus difficile lorsqu’on a à faire à un loup enragé et devant l’aveugle inconscience des éléments déchaînés – l’homme n’a qu’à se résigner et périr.

La profession de foi faite par R. Owen en 1817 – qui fit tant de scandale en Angleterre – ne l’aurait pas fait en 1617 dans la patrie de Jordano Bruno et de Vanini, en 1717 – ni en France, ni en Allemagne. Peut-être quelque part en Espagne, au sud de l’Italie les moines auraient ameutés contre lui la foule, peut-être on l’aurait livré aux alguazils de l’inquisition, torturé, brûlé – tout cela est très probable; mais la partie humanisée de la société serait certainement pour lui.

Les Gœthe, les Schiller, les Kant, les Humboldt – de nos jours, les Lessing – il y a un siècle avouaient très sincèrement leurs pensées. Jamais ils ne feignaient une religion qu’ils n’avaient pas. Jamais on ne les voyait – oubliant toute vergogne – s’en aller pieusement à la messe avec un livre de prières le dimanche – après avoir prêché les six jours de la semaine tout le contraire – écouter avec onction la rhétorique vide d’un pasteur, et tout cela pour en imposer la plèbe, la vile populace, le mob.

En France – la même chose, ni Voltaire, ni Rousseau, ni Diderot, ni tous les encyclopédistes, ni les hommes de science comme Bichat, Cabanès, La Place – et ultérieurement Comte – n’ont jamais feint le piétisme, ni l’ultramontanisme – pour faire acte de «vénération des préjugés – chers aux catholiques».

C’est que le continent politiquement asservi est plus libre moralement que ne l’est l’Angleterre, la masse d’idées, de doutes entrés dans la circulation générale – est plus grande, la conscience plus indépendante.

La liberté de l’Anglais n’est pas en lui – mais dans ses institutions – sa liberté est dans le «Common law», dans le «habeas corpus»… Nous ne nous sentons pas à notre aise devant un tribunal, dans les rapports avec le gouvernement – l’Anglais ne se sent libre que devant le tribunal ou dans un conflit avec l’autorité gouvernementale.

Les hommes feignent partout – mais ils ne comptent pas la franchise pour un crime. La hypocrisie n’est nulle part promue au degré d’une vertu sociale et obligatoire. Ce n’est pas exactement le cas en Angleterre. Le cens de l’intelligence s’est élargi, l’auditoire d’Owen n’était pas composé exclusivement d’aristocratie éclairée et de quelques littérateurs.

Certes, les David Hume, les Gibbon – ne feignaient pas une religion qu’ils n’avaient pas – mais depuis les Hume et les Gibbon – l’Angleterre a passé une quinzaine d’années enfermée dans une prison cellulaire par Napoléon. D’un côté elle sortit du grand courant des intelligences, de l’autre «la médiocrité conglomérée»[728] de la bourgeoisie submergeait de plus en plus tout. Dans cette nouvelle Angleterre, les Byron et les Schelley – sont des étrangers égarés. L’un demande au vent de le mener partout où il veut en exceptant les «native shores»; à l’autre on enlève les enfants, et sa propre famille dénaturée par le fanatisme – aide la force judiciaire.

Or donc l’intolérance contre Owen ne donne aucun droit de conclure sur le degré de vérité ou d’erreur de sa doctrine – mais elle donne une mesure de l’aliénation mentale, c’est-à-dire du degré de l’asservissement moral en Angleterre et principalement de la classe qui fréquente les meetings et écrit des articles de revues.

Quantitativement la raison sera toujours subjuguée au poids elle sera toujours battue. La raison – comme l’aurore boréale – éclaire, mais existe à peine. Car c’est le sommet, с’est le dernier effort, le dernier succès – auquel le développement ne parvient que rarement. La raison toute puissante – succombera toujours à un coup de poing. Comme intelligence, comme conscience – la raison peut ne pas exister du tout. Historiquement, c’est un nouveau-né sur notre globe, elle est très jeune, comparée à ces vieillards de granit – témoins et acteurs dans les révolutions antidiluviennes. Avant l’homme, en dehors de la société humaine l’intelligence n’existe pas – il n’y a dans la nature, ni intelligence, ni stupidité – il n’y a que la nécessité des rapports, l’action mutuelle et les conséquences infaillibles. L’intelligence commence à regarder d’un regard enfantin et troublé – par les yeux de l’animal. L’instinct se développe dans la cohabitation humaine – de plus en plus en entendement. Il se forme en tâtonnant. Il n’y a pas de chemin tracé, il faut le frayer – et l’histoire – comme le poème d’Arioste – s’avançant par vingt épisodes, s’écartant à droite et à gauche – tend à parvenir à un peu de raison sous le poids de l’inintelligence. Et cela grâce à une activité inquiète – plus concentrée que ne l’est l’agitation du singe, et qui n’existe presque pas dans les organisations inférieures – qu’on pourrait appeler les satisfaits du règne animal.

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726

«в широкий океан» (итал.). – Ред.

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727

Запись обрывается на половине страницы. – Ред.

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728

J. Stuart Mill. On Liberty.

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