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» Il eut alors ce sourire sombre que je lui avais vu si rarement dans ces dernières années, et il dit lentement:

» – Alors il faudra fouiller partout jusqu'à ce que vous les trouviez!

– Bien! dis-je. Il désigna l'une des feuilles de papier:

» – Il y a ici les inscriptions de la Chapelle, au sud et à l'est. J'ai examiné de nouveau les textes. Je trouve que dans ce coin se trouvent les symboles de la constellation à laquelle nous donnons le nom de Chariot, et que la Reine Tera considérait comme présidant à sa naissance et à sa destinée. Je les ai examinés soigneusement et j'ai remarqué qu'ils sont tous des représentations du groupement des étoiles, tel qu'il se présente lorsque la constellation apparaît en différents points du ciel. Ils sont tous corrects au point de vue astronomique; et de même que dans le ciel réel les Gardes indiquent l'Étoile Polaire, ils sont tous dirigés vers un point du mur où l'on doit habituellement trouver le serdab!

» Je partis pour Égypte la semaine suivante, et je n'eus pas un instant de répit tant que je ne fusse pas de nouveau dans le tombeau. J'avais retrouvé quelques-uns de ceux qui nous avaient autrefois servi d'escorte, et j'étais assez bien pourvu à ce point de vue. Le pays n'était plus du tout dans l'état où il se trouvait seize ans auparavant. Il n'y avait plus besoin de troupes ni d'hommes armés.

» J'escaladai seul la paroi rocheuse. Je ne rencontrai pas de difficulté, car, grâce à la clémence du climat, l'échelle de bois était encore utilisable. Il était facile de voir qu'au cours des années qui venaient de s'écouler le tombeau avait reçu d'autres visites. Je défaillais en pensant que quelqu'un avait pu tomber par hasard sur l'emplacement secret. Quelle amertume de découvrir que j'avais été devancé, et que mon voyage était ainsi inutile.

» L'amertume fut à son comble quand j'eus allumé mes torches et quand je fus passé entre les colonnes à sept pans pour pénétrer dans la Chapelle du tombeau.

» Là, à l'endroit exact précis où je m'attendais à le trouver, il y avait l'ouverture d'un serdab. Et le serdab était vide!

» Mais la Chapelle n'était pas vide; car le corps desséché d'un homme en costume d'Arabe gisait tout près de l'entrée, comme s'il avait été foudroyé. J'examinai les murs des alentours pour vérifier l'exactitude des conjectures de Trelawny; et je trouvai que dans toutes les positions des étoiles en question, les Gardes du Chariot désignaient un point situé à gauche, ou sur le côté sud, de l'ouverture du serdab, où se trouvait une seule étoile en or.

» Je fis pression dessus, et elle céda. La pierre qui avait constitué le devant du serdab, et qui était venue s'appliquer contre la paroi intérieure, bougea légèrement. En examinant de plus près l'autre côté de l'ouverture, je découvris un point semblable, qu'on reconnaissait à d'autres représentations de la constellation; mais il était lui-même une figuration des sept étoiles, et chacune d'elles était ciselée en or bruni. Je fis pression sur toutes les étoiles l'une après l'autre, mais sans résultat. Une chose me frappa alors: si le ressort d'ouverture se trouvait sur la gauche, celui qui se trouvait à droite pouvait être fait pour obéir à la pression simultanée sur toutes les étoiles par une main à sept doigts. En me servant de mes deux mains, je réussis à le faire.

» Avec un bruit marqué de déclic, un personnage fait de métal parut jaillir d'un point très proche de l'ouverture du serdab; la pierre pivota lentement pour reprendre sa place, et se referma avec un déclic. Pour l'instant, j'étais épouvanté par l'apparition de ce personnage. Il ressemblait à ce gardien farouche que, d'après l'historien arabe Ibn Abd Alhokin, le constructeur des Pyramides, le roi Saurid Ibn Salhouk, avait placé dans la Pyramide de l'Ouest pour défendre son trésor: «Un personnage de marbre, debout, la lance à la main, avec un serpent enroulé autour de la tête. Lorsque quelqu'un approchait, le serpent le mordait d'un côté, s'enroulait autour de son cou, le tuait, et revenait ensuite à sa place.»

» Je savais bien qu'un tel personnage n'était pas mis là à titre de plaisanterie, et que le braver n'était pas un jeu d'enfant. L'Arabe qui gisait mort à mes pieds fournissait la preuve de ce qui pouvait se passer! J'examinai donc de nouveau le mur. Je trouvai çà et là des éclats, comme si on avait donné des coups avec un marteau pesant. Voici donc ce qui avait dû arriver: le violateur de sépulture, plus expert que nous dans ce genre de travail, et soupçonnant la présence d'un serdab, avait tenté de le découvrir. Il avait frappé le ressort par hasard, et il avait ainsi libéré le «Trésorier» vengeur, comme l'appelle l'écrivain arabe. Le résultat se voyait de lui-même!

» Je pris un morceau de bois, et en me tenant prudemment à distance je fis pression sur l'étoile avec son extrémité.

» La pierre pivota immédiatement en arrière. Le personnage caché jaillit au-dehors en brandissant sa lance. Puis, il se redressa et disparut. Je pensai que je pouvais à présent presser sans danger sur les sept étoiles, et je le fis. La pierre pivota de nouveau en arrière; et le «Trésorier» retourna dans sa tanière cachée.

» Je répétai les deux expériences plusieurs fois, avec chaque fois le même résultat. J'aurais aimé examiner le mécanisme de ce personnage d'une mobilité aussi malfaisante; mais cela n'aurait été possible qu'avec des outils difficiles à se procurer. Il pourrait être nécessaire de tailler tout un morceau de roc. J'espère y revenir un jour, convenablement équipé, et tenter de le faire.

» Peut-être ne savez-vous pas que l'entrée d'un serdab est presque toujours très étroite; on peut quelquefois à peine y glisser une main. Il y a deux choses que j'ai apprises grâce à ce serdab: d'abord les lampes, si lampes il y a eu, ne pouvaient pas être de grandes dimensions; deuxièmement, elles étaient d'une certaine façon, associées à Hathor, dont le symbole, un faucon dans un carré dont le coin d'en haut à droite forme un carré plus petit, était taillé en relief sur le mur intérieur, et coloré du même vermillon vif qu'on trouvait sur la Stèle. Hathor est la déesse qui correspond, dans la mythologie égyptienne à la Vénus des Grecs, dans la mesure où elle est la déesse de la beauté et du plaisir. Cependant, dans la mythologie égyptienne, chaque Dieu se présente sous un grand nombre de formes et à certains points de vue, Hathor a quelque chose à faire avec l'idée de résurrection. Il y a sept formes ou variantes de la Déesse; pourquoi ne correspondaient-elles pas d'une certaine façon aux sept lampes. Que ces lampes aient existé, j'en étais convaincu. Le premier violateur de sépulture avait trouvé la mort; le deuxième avait trouvé le contenu du serdab. La première tentative avait été faite des années auparavant; l'état du corps qui se trouvait à côté de moi l'attestait. Je n'avais aucun indice concernant la deuxième tentative. Elle avait pu se produire il y avait longtemps; ou peut-être tout récemment. Cependant, si le tombeau avait reçu d'autres visiteurs, il est probable que les lampes avaient été dérobées depuis longtemps. Eh bien! mes recherches n'en seraient que plus difficiles; car elles devaient être entreprises.

» Cela se passait il y a près de trois ans, et depuis ce temps, j'ai été comme l'homme des Mille et une Nuits, à chercher de vieilles lampes, non pas pour les échanger contre des neuves, mais contre de l'argent. Les déceptions que j'ai endurées, les poursuites vaines auxquelles je me suis livré, rempliraient un volume; mais j'ai persévéré. Finalement, il y a moins de deux mois, un vieux revendeur de Mossoul m'a montré une lampe telle que celle que je cherchais. Je suivais sa trace depuis près d'un an, allant de déception en déception, mais toujours poussé à continuer par l'espoir grandissant d'être sur la bonne piste.

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