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» – Qu'en pensez-vous? demanda-t-il.

» – On dirait une pierre précieuse, répondis-je. Vous pouvez très bien l'appeler le «Coffre Magique de la Sorcière», s'il a souvent cet aspect. On dirait presque qu'il vit.

» – Savez-vous pourquoi il donne cette impression?

» – À cause du reflet de la lumière, je suppose?

» – La lumière, bien sûr, répondit-il, mais c'est plutôt sa disposition.

» Tout en parlant, il a fait fonctionner les lumières habituelles de la chambre et coupé les lampes spéciales. L'effet sur la boîte de pierre fut surprenant; en une seconde, elle perdit son rayonnement. C'était, comme toujours, une très belle pierre, mais rien de plus.

» – Vous n'avez rien remarqué dans la disposition des lampes? me demanda-t-il.

– Non.

– Elles étaient disposées comme les étoiles de la constellation du Chariot; comme les étoiles dans le rubis!

» Cette déclaration me parut assez convaincante. Je ne sais pourquoi, sauf le fait qu'il y avait eu tant d'associations mystérieuses avec la momie et tout ce qui s'y rattachait qu'il suffisait d'une de plus pour que les choses parussent s'éclaircir. J'écoutai les explications de Trelawny:

» – Depuis seize ans je n'ai jamais cessé de penser à cette aventure, ou d'essayer de trouver un indice pour expliquer les mystères en face desquels nous nous trouvions; mais jusqu'à hier au soir, je ne semblais pas avoir trouvé de solution. Je crois que j'en ai rêvé, car en me réveillant j'étais tout feu tout flamme à ce sujet. Je sautai à bas du lit, décidé à faire quelque chose, avant de savoir exactement ce que je voulais faire. Alors, tout d'un coup, le but est devenu clair à mes yeux. Dans les inscriptions sur les murs du tombeau, il était fait allusion aux sept étoiles de la Grande Ourse qui forment le Chariot; et il est continuellement et avec insistance question du nord. Les mêmes symboles étaient répétés en ce qui concernait la «Boîte Magique», comme nous l'appelions. Nous avions déjà remarqué ces régions particulières translucides dans la pierre de la boîte. Vous vous rappelez que les hiéroglyphes nous avaient dit que la pierre précieuse provenait du centre d'un aérolite, et que le coffre était également taillé dedans. Il était possible, me disais-je, que la lueur des sept étoiles, brillant dans la direction convenable, ait un effet sur la boîte, ou sur quelque chose qu'elle contiendrait. Je relevai le store et regardai au-dehors. Le Chariot était haut dans le ciel, ses étoiles, de même que l'Étoile Polaire, étaient juste en face de la fenêtre. Je tirai la table et le coffre jusque dans la lumière, et la déplaçai jusqu'à ce que les régions translucides se trouvent dans la direction des étoiles. La boîte se mit instantanément à luire, comme vous voyez qu'elle fait sous les lampes, mais légèrement. J'attendis, et j'attendis; mais le ciel se couvrit, et la lumière s'est éteinte. J'allai donc chercher des fils et des lampes – vous savez combien souvent je m'en sers pour mes expériences – et j'essayai de voir l'effet produit par la lumière électrique. Il me fallut quelque temps pour placer convenablement les lampes, de sorte qu'elles correspondent aux parties de la pierre, mais dès l'instant où je les eus placées comme il fallait, le tout se mit à irradier, comme vous l'avez vu. Cependant, je ne pouvais pas aller plus avant. Il manquait évidemment quelque chose. Il me vint tout de suite à l'esprit que si la lumière produisait un certain effet, il devait y avoir dans la tombe un moyen d'en produire; car celle des étoiles ne pénétrait pas dans la Fosse de la Momie. Alors l'ensemble me parut clair. Sur la table de jaspe, à sa partie supérieure, a été creusée une concavité à laquelle s'adapte exactement le bas du Coffre magique. Je l'y déposai. Et je vis immédiatement que les étranges protubérances si soigneusement taillées dans la pierre correspondaient dans un sens aux étoiles de la constellation. Elles étaient donc destinées à recevoir les lumières. Eureka! m'écriai-je. Tout ce qu'il nous fallait à présent, c'étaient les lampes. J'essayai de poser dessus, ou tout près, des sources électriques. Mais la lumière ne parvint jamais à la pierre. J'eus donc de plus en plus la conviction qu'il existait des lampes spécialement conçues pour cet usage. Si nous pouvions les trouver, nous aurions franchi un grand pas vers la solution du mystère.

» – Mais alors, ces lampes? demandai-je. Où sont-elles? Où allons-nous les découvrir? Comment les reconnaître si nous les trouvons?

» Il m'arrêta aussitôt:

» – Une chose à la fois, dit-il avec calme. Votre première question contient toutes les autres. Où sont ces lampes? Je vais vous le dire: dans le tombeau!

» – Dans le tombeau! répétai-je, surpris. Pourtant, nous avons, vous et moi, fouillé dans les moindres recoins; et nous n'avons pas vu trace d'une lampe. Il ne restait aucun objet quand nous sommes partis la première fois; et la seconde fois, non plus, à part les cadavres des Arabes.

» Tandis que je parlais, il avait déroulé de grandes feuilles de papier. Il les étala sur la grande table, en maintenant les bords avec des livres et des poids. Je les reconnus au premier coup d'œil: c'étaient des copies minutieuses de nos premières transcriptions des textes gravés dans le tombeau. Quand il eut tout préparé, il se tourna vers moi et dit lentement:

» – Vous rappelez-vous notre étonnement, quand nous avons examiné le tombeau, devant l'absence d'une chose qu'on trouve habituellement dans toutes les sépultures?

» – Oui! Il n'y avait pas de serdab.

» Le serdab, me dit Mr. Corbeck, permettez-moi de vous l'expliquer, c'est une sorte de niche construite ou creusée dans la paroi d'un tombeau. Ceux qu'on a examinés jusqu'à présent ne portent pas d'inscriptions, mais contiennent seulement des effigies du mort pour lequel le tombeau a été construit.

Il poursuivit ensuite son récit:

– Trelawny, quand il vit que j'avais compris ce qu'il voulait dire, continua à parler avec un certain enthousiasme qui rappelait celui que je lui avais connu jadis.

» – J'ai abouti à la conclusion qu'il doit y avoir un serdab secret. Nous aurions dû y penser plus tôt. Nous aurions pu savoir que celui qui avait fait un tel tombeau, une femme, qui avait montré par ailleurs un tel sens de la beauté et de la perfection, et qui avait poussé l'achèvement du moindre détail avec une richesse d'élaboration bien féminine, n'aurait pas négligé un pareil élément architectural. Même s'il n'avait pas eu son sens rituel particulier, elle l'aurait prévu comme ornement. D'autres l'avaient eu, et elle aimait à achever son œuvre. Soyez-en-sûr, il y avait – il y a – un serdab; et c'est dedans quand nous l'aurons découvert, que nous trouverons les lampes. Naturellement, nous aurions su alors ce que nous savons aujourd'hui, qu'il y avait des lampes, nous aurions pu soupçonner l'existence d'un endroit secret, d'une cachette. Je vais vous demander de retourner en Égypte, de voir la tombe, de trouver le serdab, et de rapporter les lampes!

» – Et si je m'aperçois qu'il n'y a pas de serdab, ou si, l'ayant découvert, je constate qu'il ne contient pas de lampes, alors?

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