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Et elle ajouta, craignant sans aucun doute que cette délicatesse de sa part ne prenne un caractère offensant pour les autres personnes présentes:

– C'est naturellement très bien que vous l'ayez vu. Vous devez tout examiner et étudier; et en vérité… en vérité je vous suis reconnaissante…

Elle se détourna. Je pus voir qu'elle pleurait doucement. Il était évident à mes yeux que même au milieu de ses ennuis et de son anxiété, elle éprouvait du chagrin de ne pas en savoir davantage sur le compte de son père, et que cette ignorance apparaisse en un pareil moment et devant tant d'étrangers. Le fait qu'il n'y eût que des hommes n'atténuait pas sa honte, mais lui apportait cependant un certain soulagement. En essayant d'interpréter ses sentiments, je pouvais seulement penser qu'elle devait être heureuse de ne pas être vue en ce moment par des yeux de femmes qui comprennent les choses mieux que les hommes.

Lorsque je me relevai, après avoir procédé à mon examen, conforme à celui du docteur, celui-ci reprit sa place à côté du divan et poursuivit ses opérations. Le commissaire Dolan me dit à voix basse:

– Je crois que nous sommes bien tombés avec notre docteur!

J'acquiesçai et j'étais sur le point d'ajouter quelques mots d'appréciation pour sa clairvoyance quand on frappa discrètement.

Chapitre II ÉTRANGES INSTRUCTIONS

Le commissaire Dolan alla lentement à la porte; par suite d'une entente tacite, il avait pris la direction des opérations dans cette chambre. Nous attendions. Il entrouvrit la porte; puis, avec un geste de soulagement évident, il l'ouvrit toute grande et un homme entra. Un homme jeune, rasé de près, grand et mince, avec un visage d'aigle, et des yeux vifs, brillants qui semblaient tout voir en un instant. Au moment où il entrait, le commissaire lui tendit la main. Les deux hommes échangèrent une poignée de main chaleureuse.

– Dès que j'ai eu reçu votre message, monsieur, je suis venu immédiatement. Je suis heureux d'avoir toujours votre confiance.

– Vous l'aurez toujours, dit le commissaire avec conviction. Je n'ai pas oublié le bon vieux temps et Bow Street, je ne l'oublierai jamais! Alors, sans préliminaire, il se mit à raconter tout ce qu'il savait sur ce qui s'était passé jusqu'à l'arrivée du nouveau venu. Le Sergent Daw posa quelques questions – très peu – lorsque cela lui paraissait nécessaire pour sa compréhension des circonstances ou des positions respectives des personnes. Mais en général Dolan, qui connaissait son travail à fond, allait plutôt au-devant de toute question, et donnait à mesure toutes les explications nécessaires. De temps en temps le sergent Daw jetait un rapide coup d'œil sur ce qui l'entourait; tantôt sur l'un de nous, tantôt sur la pièce ou sur une partie de la pièce, tantôt encore sur le blessé qui gisait inanimé sur le sofa.

Lorsque le commissaire eut terminé, le sergent se tourna vers moi pour me dire:

– Vous vous souvenez peut-être de moi, monsieur. J'ai travaillé avec vous sur l'affaire Hoxton.

– Je me souviens très bien de vous, lui répondis-je en lui tendant la main.

Le commissaire ajouta:

– Il est bien entendu, sergent Daw, que vous êtes entièrement chargé de cette affaire.

– Sous vos ordres, j'espère, commissaire, dit-il en l'interrompant.

L'autre secoua la tête et répondit:

– Il me semble que c'est une affaire qui va accaparer tout le temps d'un homme et tout son esprit. J'ai d'autres occupations; mais je serai plus qu'intéressé à l'affaire et si je peux vous aider d'une manière quelconque, j'en serai heureux!

– Très bien, monsieur, dit l'autre, qui acceptait sa responsabilité en esquissant un salut un peu différent; et il entama directement son enquête.

Il s'adressa d'abord au médecin, lui demanda son nom et son adresse, le pria de rédiger un rapport complet dont il pourrait se servir et qu'il pourrait, si nécessaire, communiquer au Quartier Général. Le docteur Winchester promit de le faire en s'inclinant gravement. Alors le sergent s'approcha de moi et me dit sotto voce:

– Votre docteur me plaît. Je crois que nous pourrons travailler ensemble.

Puis, se tournant vers Miss Trelawny, il demanda:

– Dites-moi, s'il vous plaît, tout ce que vous pouvez me dire sur le compte de votre père. Sa façon de vivre, son histoire – en fait tout ce qui l'intéresse, ou ce qui le concerne.

J'étais sur le point de l'interrompre pour lui dire qu'elle avait déjà confessé son ignorance de toutes les questions concernant son père et sa façon de vivre, mais elle avait déjà levé la main pour m'arrêter et elle parla elle-même:

– Hélas! Je ne sais que peu de chose, sinon rien. Le commissaire Dolan et Mr. Ross connaissent déjà tout ce que je puis dire.

– Alors, mademoiselle, nous ferons ce que nous pourrons, dit aimablement l'officier de police. Je vais commencer par un examen minutieux des faits. Vous dites que vous vous trouviez de l'autre côté de la porte quand vous avez entendu ce bruit?

– J'étais dans ma chambre quand j'ai entendu ce bruit anormal – à dire vrai, ce doit être le début de ce bruit, quel qu'il fût, qui m'a réveillée. Je suis immédiatement sortie de ma chambre. La porte de mon père était fermée, je pouvais voir tout le palier et les marches supérieures de l'escalier. Personne n'aurait pu sortir par cette porte sans être vu de moi, si c'est ce que vous voulez dire!

– C'est exactement ce que je veux dire, mademoiselle. Si tous ceux qui savent quelque chose me le disent aussi bien, nous ne tarderons pas à aboutir. Alors, je dois comprendre que l'agresseur, quel qu'il soit, se trouve encore dans cette chambre?

Il avait dit cette phrase sur un ton à demi interrogatif, mais nul ne répondit. Il en savait autant que nous sur ce point.

Il s'approcha alors du lit, le regarda attentivement, et demanda:

– A-t-on touché au lit?

– Pas à ma connaissance, dit Miss Trelawny, mais je vais demander à Mrs. Grant, la gouvernante, ajouta-t-elle en sonnant. Mrs. Grant arriva en personne.

– Entrez, dit Miss Trelawny. Ces messieurs veulent savoir, Mrs. Grant, si ce lit a été touché.

– Pas par moi, mademoiselle.

– Alors, dit Miss Trelawny en se tournant vers le sergent Daw, personne n'a pu y toucher. Mrs. Grant ou moi-même, nous avons été constamment présentes et je ne crois pas qu'aucun des domestiques qui sont accourus après que j'ai donné l'alarme se soit trouvé à aucun moment près du lit. Vous voyez, mon père était étendu ici, exactement sous le grand coffre-fort, et l'on était rassemblé autour de lui. Nous avons très rapidement renvoyé tout le monde.

Il s'approcha ensuite des fenêtres qui étaient fermées au loquet.

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