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ÉTÉOKLÈS.

Certes, un dieu pousse les choses à cette fin. Que la race de Laios, odieuse à Phoibos, descende donc tout entière, emportée par les vents, vers les flots du Kôkytos!

LE CHŒUR DES VIERGES.

Antistrophe I.

Un féroce désir t'entraîne aux fruits amers du meurtre, à l'effusion d'un sang qu'il est défendu de répandre.

ÉTÉOKLÈS.

La fatale imprécation de mon cher père veut être accomplie. Elle me presse, les yeux secs de larmes, de songer à la vengeance bien plus qu'à la mort.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Strophe II.

Ne hâte point la tienne. Tu ne seras point appelé lâche pour avoir sagement sauvé ta vie. La noire et tempétueuse Érinnys n'entrera point dans ta demeure, si les dieux acceptent un sacrifice de tes mains.

ÉTÉOKLÈS.

Les dieux nous ont oubliés depuis longtemps. Ils ne demandent que notre mort. Pourquoi donc flatter lâchement l'inévitable fin?

LE CHŒUR DES VIERGES.

Antistrophe II.

Certes, maintenant, un daimôn te presse; mais un dieu peut changer de dessein et faire souffler un vent plus favorable. Maintenant, à la vérité, c'est une tempête.

ÉTÉOKLÈS.

Les imprécation d'Oidipous forme cette tempête. Elles n'étaient que trop véridiques, ces images des mes visions nocturnes, spectres qui partageaient les biens paternels.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Écoute les femmes, bien que tu ne les aimes pas.

ÉTÉOKLÈS.

Dites ce que vous désirez, mais brièvement.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Ne te rends pas à la septième porte.

ÉTÉOKLÈS.

Je suis aiguisé, tes paroles ne m'émousseront pas.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Les dieux sont avec les victorieux, même lâches.

ÉTÉOKLÈS.

Il ne convient pas que ceci soit dit à un hoplite.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Mais tu veux verser le sang de ton frère!

ÉTÉOKLÈS.

Avec l'aide des dieux, il n'évitera point la mort.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Strophe I.

Je suis saisie d'horreur. La déesse destructrice de la famille, dissemblable aux dieux, véridique prophétesse de malheur, l'Érinnys invoquée par l'imprécation du père accomplit les exécrations furieuses d'Oidipous, frappé de démence. Afin de perdre les fils, la discorde précipite les choses.

Antistrophe I.

Le barbare Khalybs, envoyé des Skythes, le farouche partageur des biens, le fer cruel leur dispensera la part de terre qui suffit aux morts, car ils n'auront rien de leurs vastes champs.

Strophe II.

Quand ils se seront égorgés l'un l'autre, et quand la poussière aura bu le sang noir du meurtre, qui offrira l'expiation? Qui les lavera? Ô calamités nouvelles ajoutées aux antiques calamités de cette race!

Antistrophe II.

En effet, il est ancien, ce crime promptement puni, mais qui reste attaché à la troisième génération, cette faute de Laios commise malgré Apollôn qui lui avait ordonné trois fois, par les oracles Pythiques, là où est le nombril de la terre, de mourir sans enfants et de sauver la ville.

Strophe III.

Mais, entraîné par des amis insensés, il engendra sa propre mort, le parricide Oidipous qui féconda incestueusement le sein qui l'avait nourri et engendra aussi une race sanglante. La démence unit ces époux insensés.

Antistrophe III.

C'est une mer roulant ses flots de calamités. L'un tombe, l'autre monte trois fois plus haut et gronde autour de la poupe de la ville, et il n'y a contre lui d'autre abri pour nous que d'étroites murailles. Je tremble que la ville périsse avec ses rois.

Strophe IV.

Elles accourent les catastrophes des antiques exécrations. La dernière tempête se lève, et elle ne passera point que les richesses trop lourdes des marchands ne soient jetées hors de la nef.

Antistrophe IV.

Qui d'entre les hommes fut plus honoré qu'Oidipous par les dieux, les citoyens et la multitude des vivants, quand il eut délivré cette terre de la Sphinx, fléau des mortels?

Strophe V.

Mais dès qu'il eut appris, le malheureux! que ses noces étaient incestueuses, saisi de désespoir et de fureur, il commit un double malheur. De cette main qui avait tué son père, il s'arracha les yeux qui nous sont plus chers que nos enfants.

Antistrophe V.

Plein de colère, il lança des imprécations terribles contre ses enfants, et il souhaita qu'ils partageassent ses biens à main armée. Certes, je tremble que la rapide Érinnys n'accomplisse ses vœux.

LE MESSAGER.

Reprenez courage, enfants nourries par vos mères. Cette ville est sauvée du joug de la servitude. Les menaces orgueilleuses de ces hommes farouches sont tombées; la ville est tranquille, et la nef a résisté aux coups multipliés des flots. Nos murailles nous protègent et nous avons fortifié nos portes de guerriers irréprochables. A six d'entre elles nous l'avons emporté, mais, à la septième, le roi Apollôn, le vénérable, a puni, sur la race d'Oidipous, l'antique faute de Laios.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Quel nouveau malheur est tombé sur la ville?

LE MESSAGER.

La ville est sauvée, mais les rois nés du même inceste…

LE CHŒUR DES VIERGES.

Quoi! que dis-tu? Je suis saisie de terreur à tes paroles.

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