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LE CHŒUR DES VIERGES.

Strophe I.

Que les dieux donnent la victoire à notre défenseur, à celui qui combat pour la ville et pour le droit! Mais je crains de voir l'égorgement sanglant de nos amis.

L’ÉCLAIREUR.

Certes, que les dieux lui accordent de vaincre heureusement! Kapaneus a été marqué par le sort pour la porte d'Élektra. C'est un autre géant, plus grand que le premier, et son insolence n'est pas d'un homme. Il lance contre nos murailles des menaces horribles. Puisse la destinée ne pas les accomplir! Il dit qu'il renversera Thèba, que les dieux y consentent ou non. La foudre de Zeus, tombant sur la terre, ne l'arrêterait pas. Il compare les éclairs et les coups de foudre aux chaleurs de midi. Il porte pour emblème un homme nu, un pyrophore, qui tient à la main une torche flamboyante, et qui crie en lettres d'or: Je brûlerai la ville! Envoie contre ce guerrier… Mais qui marchera contre lui? Qui aura l'intrépidité d'affronter cet homme orgueilleux?

ÉTÉOKLÈS.

En face de cette insolence, l'avantage est pour nous. La langue est la vraie révélatrice des pensées impudentes des hommes. Kapaneus menace et se prépare à exécuter ses menaces, il méprise les dieux, et, bien que mortel, dans son orgueil insensé, il crie ses outrages à Zeus, dans l'Ouranos. Je suis certain que la foudre va se ruer sur lui, et, certes, elle n'est point semblable aux chaleurs de Hèlios, à midi. Un guerrier lui sera opposé, le vigoureux Polyphontès, trop avare de paroles, mais irréprochable rempart, et à qui sont propices la bienveillante Artémis et tous les autres dieux. Dis-moi celui que le sort a marqué pour une autre porte.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Antistrophe I.

Qu'il meure, celui qui menace la ville de ces maux terribles! Que le trait de la foudre le perce avant qu'il se rue dans nos demeures et que sa lance orgueilleuse nous ait chassées de nos chambres virginales!

L'ÉCLAIREUR.

Je dirai celui que le sort a marqué pour les portes. Le troisième sort est tombé sur Étéoklos, du casque d'airain renversé, afin qu'il mène sa troupe à la porte Nèitide.

Il contient ses chevaux écumants sous les freins et qui veulent se ruer sur les portes. Les muselières sifflent avec un bruit sauvage, emplies des souffles furieux qui sortent de leurs naseaux. Son bouclier n'est pas orné d'un emblème vulgaire: un hoplite monte les degrés d'une échelle pour renverser une tour ennemie, et il crie ces paroles gravées: Arès lui-même ne me repousserait pas de ces murailles! Envoie contre ce guerrier quelqu'un qui réponde à notre confiance et qui sauve notre ville du joug de la servitude.

ÉTÉOKLÈS.

J'enverrai celui-ci, mais non sans confiance en sa fortune: Mégareus, fils de Kréôn, de la race des dents semées, et qui ne se fera pas précéder de paroles imprudentes. Il ne reculera pas, épouvanté par le souffle furieux de chevaux. Il mourra en payant ce qu'il doit à la terre qui l'a nourri, ou il suspendra dans la demeure de son père les dépouilles enlevées à Étéoklos, l'image et la ville du bouclier. A un autre! ne craint pas de tout me dire.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Strophe II.

Je supplie les dieux que ce défenseur de notre foyer triomphe aussi, et qu'il arrive malheur à nos ennemis. Dans un esprit furieux ils se ruent contre la ville avec des cris insensés, mais Zeus vengeur les regarde dans sa colère!

L’ÉCLAIREUR.

Le quatrième, qui tient la porte voisine, celle d'Ogka Athènè, est Hippomédôn, doué d'une haute stature, et il marche en criant. J'ai été effrayé de le voir, faisant tournoyer, comme une aire immense, l'orbe de son bouclier, et je parle avec vérité. Ce n'est point un ciseleur inhabile qui a gravé cette œuvre sur le bouclier: Typhôn soufflant de sa bouche qui vomit le feu avec une noire fumée, sœur au mille couleurs de flamme. La cavité du bouclier creux est entourée de nœuds de serpents entrelacés. Et le guerrier crie, plein de la fureur d'Arès, et il est ivre de combat comme une Thyias, et l'épouvante le précède. Je crois que le choc de ce guerrier est à redouter, et déjà la terreur en tumulte est aux portes.

ÉTÉOKLÈS.

Avant tout Ogka Pallas est dans la ville basse, auprès de la porte. Elle hait l'insolence de ce guerrier, et elle chassera le dragon horrible loin de ses enfants. Hyperbios, le brave fils d'Oinops, a été choisi par moi pour lutter contre l'homme, et il désir savoir quelle sera sa destinée en une telle rencontre. Il est irréprochable par la stature, le courage et les armes. Hermès les a mis face à face. Les deux guerriers combattront l'un contre l'autre, ainsi que les dieux ennemis qui sont sur les boucliers. L'un possède Typhôn, qui vomi le feu; mais le père Zeus se tient debout sur le bouclier de Hyperbios, tenant en main le trait flamboyant. Jamais quelqu'un a-t-il vu Zeus vaincu? L'amitié des daimones est ainsi partagée: nous sommes avec les vainqueurs, eux avec les vaincus, s'il est vrai que Zeus l'emporte sur Typhôn dans le combat. Telle sera donc la fortune des deux guerriers ennemis, et Zeus, dont l'image est sur le bouclier, sera le sauveur d'Hyperbios.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Antistrophe II.

J'ai confiance que celui qui porte sur son bouclier l'image du daimôn souterrain, de l'ennemi détesté de Zeus, cette image haïe des vivants et des dieux aux longs jours, tombera, la tête la première, devant nos portes.

L’ÉCLAIREUR.

Qu'il en soit ainsi! Je dirai maintenant le cinquième, celui qui se tient à la cinquième porte, auprès du tombeau d'Amphiôn, fils de Zeus. Il jure, par la lance qu'il a en main, et qui est, assure-t-il, plus vénérable pour lui qu'un dieu et plus chère à ses yeux, qu'il saccagera la ville des Kadméiones, malgré Zeus. C'est le fils au beau visage d'une mère montagnarde, un enfant-homme qui pousse ces clameurs. Un duvet de poils naissants, que multiplie la sève de l'âge, fleurit sur ses joues. Il marche, l'esprit furieux, l'œil farouche, et n'ayant des vierges que le nom; et ce n'est pas sans menaces qu'il s'approche de la porte. Sur son bouclier d'airain, abri sphérique de son corps, il porte, attachée par des clous, le fléau de la ville, la Sphinx mangeuse de chair crue, image brillante et ciselée. Sous elle, le monstre tient un homme, un des Kadméiones, de sorte que les coups nombreux portent sur lui. Et il n'est pas venu pour se dérober au combat, et il n'a point fait un long chemin pour être déshonoré, Parthénopaios l'Arkadien! Tel est le guerrier qui, accueilli parmi les Argiens, leur paye le prix des soins reçus dans Argos, en menaçant nos murailles. Puisse un dieu ne pas les accomplir!

ÉTÉOKLÈS.
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