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A
A

Pas encore! Un mauvais divinateur même le devinerait.

LA NOURRICE GILISSA.

Que dis-tu? Sais-tu le contraire de ce qu'ont annoncé ces étrangers?

LE CHŒUR DES KHOÈPHORES.

Va porter ton message et faire ce qu'on t'a ordonné. Laisse aux dieux le soin d'accomplir leurs desseins.

LA NOURRICE GILISSA.

J'irai et je t'obéirai. Que tout arrive pour le mieux, par la grâce des dieux!

LE CHŒUR DES KHOÈPHORES.

Strophe I.

Maintenant, Zeus, père des dieux Olympiens, accorde à mes prières que je voie ces enfants accomplir heureusement leurs justes desseins! Je prononce des paroles équitables, ô Zeus! Ah! ah! veille sur lui!

Strophe II.

Au lieu des ennemis qui sont ici, ramène-le dans sa demeure, ô Zeus! car, une fois devenu grand, il te rendra doublement et triplement ce que tu auras fait pour lui. Sache que l'enfant orphelin d'un homme qui t'était cher est attelé au char des calamités. Modère sa course, et que cette terre le voie s'avancer d'un pas sûr jusqu'à ce qu'il soit sauvé!

Strophe III.

Et vous qui protégez les richesses anciennement amassées dans ces demeures, entendez-nous, dieux bienveillants! Lavez par une nouvelle expiation le sang des meurtres antiques; mais que désormais un crime passé n'amène plus un autre crime dans cette maison!

Antistrophe I.

Mais celui-ci sera juste! Ô toi qui habites la grande caverne, fais que la demeure du jeune homme lui soit heureusement rendue, et soulève de ses yeux le sombre voile qui les couvre, afin qu'il voie librement et clairement.

Antistrophe II.

Que le fils de Maia lui soit très favorable et lui vienne en aide dans son entreprise équitable! car il peut le seconder, s'il le veut. Mais tes paroles obscures sont parfois enveloppées du brouillard de la nuit, et, pendant le jour, elles ne sont pas plus claires.

Strophe IV.

Et, alors, les richesses reconquises de ces demeures te seront offertes et nous chanterons en l'honneur de la ville un chant tumultueux de femmes. Que tout finisse bien! Pour moi, ma joie est que le malheur s'éloigne de ceux que j'aime.

Antistrophe III.

Mais toi, sois plein de fermeté quand l'instant d'agir arrivera, et, pour venger ton père, quand elle te criera: Mon fils! réponds par le nom paternel et fais ce que tu dois faire!

Antistrophe IV.

Aie dans ta poitrine le courage de Perseus, et à tes amis qui sont sous la terre et à ceux qui vivent offre ta joie en sacrifice. Porte la sanglante Atè dans ton cœur et tue qui a commis le crime!

AIGISTHOS.

Me voici, non parce qu'on m'a appelé, mais pressé de répondre au message. J'apprends que des étrangers ont apporte la triste nouvelle de la mort d'Orestès. Ce sera un grand trouble de plus pour cette demeure encore emplie d'épouvante à cause du dernier meurtre et qui en est restée ulcérée et saignante. Comment saurai-je sûrement si la chose est vraie, ou s'il n'y a que de vaines rumeurs de femmes saisies de terreur, telles que ces bruits qui volent dans l'air et s'éteignent? Que sais-tu de tout ceci que tu puisses m'expliquer?

LE CHŒUR DES KHOÈPHORES.

Nous en avons entendu parler, mais demande aux étrangers, entre dans la maison. Pour être certain des choses, il faut interroger soi-même.

AIGISTHOS .

Certes, je veux voir et interroger moi-même le messager. Je veux savoir s'il a vu Orestès mort, ou s'il n'a apporté qu'une vaine rumeur. Il ne trompera pas ma clairvoyance.

LE CHŒUR DES KHOÈPHORES.

Zeus. Zeus! Par où commencerai-je mes supplications et mes prières? Comment dirai-je les vœux bienveillants que je forme? En effet, voici l'instant des épées, sanglantes tueuses d'hommes! Ou bien la race entière d'Agamemnôn va périr, ou bien Orestès, allumant le feu et la flamme pour reconquérir la liberté, ainsi que sa puissance sur les citoyens, rentrera dans la grande richesse de son père. Dans une telle lutte, seul contre deux, le divin Orestès va combattre. Qu'il soit victorieux!

AIGISTHOS .

Ah! hélas! dieux!

LE CHŒUR DES KHOÈPHORES.

Bien! bien! va! Comment la chose va-t-elle? Comment ceci s'est-il passé dans la maison? Si l'action est accomplie, retirons-nous, afin de sembler innocentes. Certes, le combat est terminé.

LE PORTIER.

Malheur à moi! malheur à moi! Le maître est mort! Trois fois malheur à moi! Aigisthos est mort! Ouvrez, ouvrez promptement les portes de la chambre de la reine, retirez les verrous de la chambre des femmes! Nous avons besoin d'un homme vigoureux, non cependant pour venir en aide à un mort, à quoi bon? Malheur! malheur! Je crie à des sourds et parle à des endormis. Où est Klytaimnestra? que fait-elle? Je pense qu'elle aussi va tomber, près d'Aigisthos, frappée par la vengeance.

KLYTAIMNESTRA.

Qu'y-a-t-il? Pourquoi pousses-tu ces clameurs dans la maison?

LE PORTIER.

Je dis que les vivants sont tués par les morts.

KLYTAIMNESTRA.

Malheur à moi! Je comprends l'énigme. Nous périrons par la ruse, comme nous avons tué par ruse. Qu'on me donne promptement une hache tueuse d'hommes, à deux tranchants! Sachons si nous vaincrons, ou si nous serons vaincus. Nous en sommes à cette extrémité.

ORESTÈS.

Je te cherche aussi, toi! Celui-ci est payé.

KLYTAIMNESTRA.

Malheur à moi! Tu es mort très cher Aigisthos!

ORESTÈS.

Tu aimes cet homme? Tu coucheras avec lui, dans la même tombe, et tu ne le trahiras pas, bien qu'il soit mort.

KLYTAIMNESTRA.

Retiens ta main, ô mon enfant! Respecte le sein où tu as tant de fois dormi et où de tes lèvres tu as sucé le lait nourrissant!

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