A la demande de la Justice, et pour répondre à la question posée par la magistrate – quelle est la meilleure situation à envisager pour le bien des enfants? -, le psychiatre recommande de domicilier les deux frères dans la maison paternelle.
La bande des Quatre au nid.
La juge observe les parents et commente:
«Je ne vous félicite pas.»
Elle n'est pas la seule.
Puis:
«Que souhaitent les deux enfants?
– Tom vivre avec moi, répond le père.
– Victor, rester avec moi, répond la mère.
– Que demandez-vous?
– Garder les deux, dit la mère.
– Suivre la recommandation de l'expert psychiatre, dit le père.
– Nous respecterons le désir des enfants», ordonne la juge.
Les parents quittent le Palais chacun par une porte.
Pap' téléphone à Tom:
«On a gagné.»
L'enfant reste très mesuré.
«Tu n'es pas content?
– Castagnette est a cote.»
Et il ajoute, tout bas:
«Je vais faire semblant d'être triste. Demain, viens me chercher très tôt!»
Le lendemain, sur le bord du trottoir, Tom attend son père avec ses affaires. Trois valises, un skateboard, Hamsterdame dans sa cage.
L'enfant a la mine basse. Evidemment. Il monte dans la voiture sans parler. Il ne passe pas les vitesses. Arrivé au bas de la maison, il dit:
«Je crois que c'est le jour le plus important de ma vie.»
Et il sourit enfin. Un an après le 4 juin de toutes les malédictions, il a obtenu ce qu'il souhaitait.
«Maintenant, on est vraiment chez nous, Pap'…»
Lui, il lui semble n'avoir vécu ces dernières années que pour ce moment-là. Dans sa poitrine, quelque chose se décroche brusquement. Il monte. Il s'allège. C'est comme une douleur vieille de mille ans soudain apaisée. La partie manquante de son corps vient de retrouver sa place. Il n'est plus amputé. Tom lui a sauvé la vie.