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— À la base aérienne, répondit Brian.

—  Sivous n’y voyez pas d’inconvénient », ajouta Adam d’un ton qu’il espérait sarcastique et acide. « J’veux dire, on voudrait surtout pas y aller si vous êtes pas d’accord.

— Impudent petit macaque ! Quand je verrai ton père, Adam Young, je l’informerai en termes très fermes quec »

Mais les Eux étaient déjà repartis vers la base aérienne de Tadfield à force de pédales – selon leur trajet à Eux, qui était plus court, plus simple et plus pittoresque que celui qu’avait suggéré M r Tyler.

R. R Tyler avait composé une longue épître mentale sur les tares de la jeunesse actuelle. Elle passait en revue son niveau d’éducation en chute libre, son manque de respect envers les aînés et les supérieurs, sa façon quasi perpétuelle d’arrondir les épaules au lieu de marcher avec une posture convenable et bien droite, la délinquance juvénile, le retour du service militaire obligatoire, le martinet, le fouet et l’immatriculation des chiens.

Il en était très satisfait. Il sentait poindre un léger doute : n’était-elle pas trop bonne pour l' Échode Tadfield ? Il avait résolu de l’adresser au Times.

Poutpoutpout poutpoütpout.

« Excusez-moi, mon chou, intervint une chaude voix de femme. Je crois que nous nous sommes perdus. »

C’était un vieux scooter, chevauché par une femme d’âge mûr. Étroitement agrippé à elle, les yeux hermétiquement clos, se trouvait un petit homme en imperméable, coiffé d’un casque vert fluo. Dressée entre eux deux, on voyait une sorte d’arme de collection, au canon en forme d’entonnoir.

« Oh. Où allez-vous ?

— Lower Tadfield. Je ne suis pas sûre de l’adresse exacte, mais nous cherchons quelqu’un », répondit la femme, avant d’ajouter avec une voix totalement différente : «  Il s’appelle Adam Young. »

Les yeux de R. R Tyler s’arrondirent. « Vous voulezvoir ce gamin ? Qu’est-ce qu’il a encore fait – non, non, ne me dites rien. Je ne tiens pas à le savoir.

— Gamin ? dit la femme. Vous ne m’aviez pas dit que c’était un enfant. Quel âge a-t-il ? » Puis, elle poursuivit : «  Onze ans.Eh bien, j’aurais aimé qu’on me mette au courant. Ça place toute cette affaire sous un jour nouveau. »

R.P. Tyler la regardait, les yeux écarquillés. Puis il comprit la situation. Elle était ventriloque. Ce qu’il avait pris pour un homme en casque vert fluo était en fait son pantin. Il se demanda comment il avait pu croire humain un tel objet. Il trouva la plaisanterie d’un goût discutable.

« J’ai vu Adam Young il y a moins de cinq minutes, dit-il à la femme. Il se dirigeait vers la base américaine, en compagnie de ses jeunes acolytes.

— Oh, misère, dit la femme en pâlissant légèrement. Je n’ai jamais vraiment aimé ces Yankees. Ce sont des gens très gentils, vous savez.Oui, mais on ne peut pas faire confiance à des gens qui prennent tout le temps la balle à la main, lorsqu’ils jouent au football.

— Ahem, excusez-moi, dit R.P. Tyler. Je vous trouve très douée. C’est tout à fait impressionnant. Je suis vice-président du Rotary Club local, et je me demandaisc Vous faites des soirées privées ?

— Le jeudi, seulement », répliqua madame Tracy, d’un ton désapprobateur. « Et je fais payer un supplément. Par ailleurs, je me demandais si vous pouviez nous indiquer la route dec »

M r Tyler connaissait la chanson. Sans un mot, il tendit le doigt.

Et le petit scooter descendit l’étroit chemin campagnard en faisant poutpoutpoutpoutpoutpout.

Tandis que l’engin s’éloignait, le pantin en gris au casque vert fluo se retourna et ouvrit un œil. « ’Spèce eud’grand couillon eud’Sudiste ! » coassa-t-il.

Si R.P. Tyler fut vexé, il se sentit également déçu. Il avait espéré que la marionnette serait plus réaliste.

R.P. Tyler, à seulement dix minutes du village, s’arrêta pendant que Shutzi accomplissait une des manœuvres de sa vaste palette de fonctions excrétrices. Il jeta un coup d’œil par-dessus la barrière.

Ses connaissances en matière rurale étaient un peu diffuses. Cependant, lorsque les vaches se couchaient, il en était à peu près certain, c’était signe de pluie. Si elles restaient debout, le temps serait sans doute beau. Mais ces vaches-ci accomplissaient chacune à son tour des sauts périlleux lents et solennels ; et Tyler se demanda ce que cela présageait pour le temps à venir.

Il renifla. Quelque chose brûlait – il flottait une odeur désagréable de métal, de caoutchouc et de cuir chauds.

« Excusez-moi », fit une voix dans son dos. R.P. Tyler se retourna.

Sur la petite route, se trouvait une grande voiture autrefois noire qui brûlait, et un homme en lunettes noires s’était penché par la portière pour lui demander, à travers la fumée : « Je suis désolé, j’ai réussi à m’égarer quelque peu. Pourriez-vous m’indiquer la base aérienne de Lower Tadfield ? Je sais qu’elle est dans les parages. »

Votre voiture est en feu.

Non. Tyler ne pouvait pas se résoudre à le lui dire. Enfin quoi, il devait bien s’en être aperçu, non ? Il était assis au beau milieu de la conflagration. C’était peut-être une sorte de canular.

Et donc, il répondit : « Je pense que vous avez dû prendre le mauvais tournant, deux kilomètres plus haut. Un panneau indicateur a été renversé par la tempête. »

L’étranger lui sourit. « Ce doit être ça. » Les flammes orange qui dansaient au-dessous de lui lui donnèrent des allures quasiment diaboliques.

Le vent souffla en direction de Tyler, de l’autre côté de la voiture, et il sentit roussir ses sourcils.

Pardonnez-moi, jeune homme, mais votre voiture est en feu et vous êtes assis dedans sans brûler et, soit dit en passant, la carrosserie est portée au rouge par endroits.

Non.

Devait-il proposer à cet homme de téléphoner pour lui à l’Automobile Club ?

Il se contenta de lui expliquer soigneusement la route, en essayant de ne pas le regarder trop fixement.

« Impeccable. Je vous suis très obligé », dit Rampa en commençant à remonter la vitre.

R. R Tyler ne pouvait plus se contenir. Il fallait qu’il dise quelque chose : « Pardonnez-moi, jeune homme.

— Oui ? »

Enfin, quand même, ça ne passe pas inaperçu, une auto qui brûlec

Une langue de flamme vint lécher le tableau de bord carbonisé.

« Il fait un temps bizarre, vous ne trouvez pas ? dit-il, avec un air niais.

— Vous trouvez ? Franchement, je n’avais rien remarqué. » Et il repartit en marche arrière dans son auto en feu.

« C’est sans doute parce que votre voiture est en train de brûler », lança sèchement R. R Tyler. Il tira brutalement sur la laisse de Shutzi pour le ramener au pied.

À l’attention du rédacteur en chef,

Monsieur,

J’aimerais déplorer dans ces colonnes la tendance de plus en plus marquée qu’ont certains jeunes gens, de nos jours, à négliger des conseils de sécurité routière parfaitement raisonnables quand ils sont au volant. Ce soir, je me suis vu demander la route par un monsieur dont la voiture étaitc

Non.

Qui conduisait une voiture qui.

Non.

Elle était en feuc

D'une humeur qui empirait à vue d’œil, R. R Tyler parcourut d’un pas rageur la distance qui le séparait du village.

« Holà ! s’exclama R. R Tyler. Young ! »

M r Young était dans le jardin, devant sa maison, assis sur sa chaise longue, en train de fumer sa pipe.

La situation tenait plus à la découverte récente par Deirdre des dangers de la tabagie passive et à la mise hors la loi de toute fumée dans la maison qu’il n’aurait tenu à l’admettre devant ses voisins. Son humeur s’en ressentait. Comme de s’entendre appeler Youngpar M r Tyler.

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