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Contes Merveilleux Tome I - pic_12.jpg

Dessin de Walter Crane

Mais il y tenait absolument et on dut appeler Cendrillon. Alors elle se lava d'abord les mains et le visage, puis elle vint s'incliner devant le fils du roi, qui lui tendit le soulier d'or. Elle s'assit sur un escabeau, retira son pied du lourd sabot de bois et le mit dans la pantoufle qui lui allait comme un gant. Et quand elle se redressa et que le fils du roi vit sa figure, il reconnut la belle jeune fille avec laquelle il avait dansé et s'écria:

– Voilà la vraie fiancée!

La belle-mère et les deux sœurs furent prises de peur et devinrent blêmes de rage. Quant au prince, il prit Cendrillon sur son cheval et partit avec elle. Lorsqu'ils passèrent devant le noisetier, les deux petits pigeons blancs crièrent:

«Roucou-cou, Roucou-cou et voyez là,

Dans la pantoufle, du sang plus ne verra

Point trop petit était le soulier,

Chez lui, il mène la vraie fiancée.»

Et après ce roucoulement, ils s'envolèrent tous deux et descendirent se poser sur les épaules de Cendrillon, l'un à droite, l'autre à gauche et y restèrent perchés.

Le jour où l'on devait célébrer son mariage avec le fils du roi, ses deux perfides sœurs s'y rendirent avec l'intention de s’insinuer dans ses bonnes grâces et d'avoir part à son bonheur. Tandis que les fiancés se rendaient à l’église, l’aînée marchait à leur droite et la cadette à leur gauche: alors les pigeons crevèrent un œil à chacune celles. Puis, quand ils s'en revinrent de l'église, l’aînée marchait à leur gauche et la cadette à leur droite: alors les pigeons crevèrent l'autre œil à chacune d'elles. Et c’est ainsi qu’en punition de leur méchanceté et de leur perfidie, elles furent aveugles pour le restant de leurs jours.

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Dessin de Walter Crane

Chat et souris associés

– Il nous faudra faire nos réserves de nourriture pour l'hiver, dit le chat, sinon nous risquons de mourir de faim. Toi, ma petite souris, tu ne peux pas aller partout, tu pourrais te faire prendre dans un piège. C'était une bonne idée. Ils achetèrent alors un petit pot de saindoux mais ne savaient pas où le cacher. Ils réfléchirent longtemps et, finalement, le chat décida: – Sais-tu ce que nous allons faire? Nous le cacherons dans l'église; on ne peut imaginer meilleure cachette! Personne n'oserait emporter quelque chose d'une église. Nous poserons le pot sous l'autel et nous ne l'entamerons qu'en cas de nécessité absolue. Ils portèrent donc le pot en ce lieu sûr, mais très vite le chat eut envie de saindoux. Il dit à la souris: – Je voulais te dire, ma petite souris, ma cousine m'a demandé d'être le parrain de leur petit dernier. Ils ont eu un petit, blanc avec des taches marron et je dois le tenir pendant le baptême. Laisse-moi y aller, et occupe-toi aujourd'hui de la maison toute seule, veux-tu? – Bien sûr, sans problème, acquiesça la souris, vas-y, si tu veux, et pense à moi quand tu mangeras des bonnes choses. J'aurais bien voulu, moi aussi, goûter de ce bon vin doux qu'on donne aux jeunes mamans. Mais tout cela était faux; le chat n'avait pas de cousine et personne ne lui avait demandé d'être parrain. Il s'empressa d'aller à l'église, rampa jusqu'au petit pot de saindoux et lécha jusqu'à avoir mangé toute la graisse du dessus. Ensuite, il partit se promener sur les toits pour voir ce qui se passait dans le monde, et puis surtout pour trouver encore quelque chose de bon à manger. Puis il s'allongea au soleil. Et chaque fois qu'il se souvenait du petit pot de saindoux, il se léchait les babines et se caressait la moustache. Il ne rentra à la maison que dans la soirée. – Te voilà enfin de retour! l'accueillit la petite souris. T'es-tu bien amusé? Vous avez dû bien rire. – Oui, ce n'était pas mal, répondit le chat. – Et quel nom avez-vous donné à ce chaton? demanda la souris. – Sanledessu, répondit sèchement le chat. – Sanledessu? chicota la souris, quel drôle de nom! Assez rare, dirais-je. Est-il courant dans votre famille? – Tu peux dire ce que tu veux, rétorqua le chat, mais ce n'est pas pire que Volemiettes, le nom de tes filleuls. Peu de temps après, le chat se sentit de nouveau l'eau venir à la bouche. – Sois gentille, supplia-t-il, occupe-toi encore une fois de la maison toute seule. Fais cela pour moi, petite souris; on m'a encore demandé d'être le parrain. Le chaton a une collerette blanche au cou, je ne peux pas refuser. La gentille souris fut d'accord. Et le chat se glissa à travers le mur de la ville, s'introduisit dans l'église et vida la moitié du pot de saindoux. – Rien à faire, se dit-il, c'est bien meilleur quand on mange tout seul. Et il se félicita de son exploit. Lorsqu'il arriva à la maison, la petite souris demanda: – Comment avez-vous baptisé le bébé? – Miparti, répondit le chat. – Miparti? Pas possible! je n'ai jamais entendu un nom pareil. Je parie qu'il n'est même pas dans le calendrier. Le chat ne tarda pas à se sentir de nouveau l'eau à la bouche en pensant au pot de saindoux. – Jamais deux sans trois, dit-il à la souris. On me demande de nouveau d'être le parrain. L'enfant est tout noir, seules les pattes sont blanches, elles mis à part, il n'a pas un seul poil blanc. Un enfant comme ça ne naît qu'une fois par siècle! Tu me laisseras y aller, n'est-ce pas? – Sanledessu! Miparti! répondit la souris, ce sont des noms si étranges. Cela ne s'est jamais vu. Ils me trottent dans la tête sans arrêt. – C'est parce que tu restes tout le temps ici, avec ta vilaine robe gris foncé à longue natte, tu passes toutes tes journées enfermée ici, pas étonnant que tout se brouille dans ta tête, dit le chat. Voilà ce qui arrive quand on passe sa vie dans ses pantoufles. Le chat parti, la petite souris fit le ménage dans toute la maison. Pendant ce temps-là, le chat gourmand vida entièrement le pot de saindoux. – Et voilà, pensa-t-il, maintenant que j'ai tout mangé, je ne serai plus tenté. Si repu qu'il s'essoufflait en marchant, il ne rentra à la maison que la nuit, mais serein. La petite souris lui demanda aussitôt le nom du troisième chaton. – Je suis sûr que tu n'aimeras pas, répondit le chat. Il s'appelle Toufini. – Toufini! chicota la souris. Cela parait suspect, ce nom ne me dit rien qui vaille. Je ne l'ai jamais vu imprimé quelque part. Toufini! Qu'est ce que cela veut dire, en fait? Elle hocha la tête, se roula en boule et s'endormit. Depuis ce jour, plus personne n'invita le chat à un baptême. L'hiver arriva, et dehors, il n'y avait rien à manger. La petite souris se rappela qu'ils avaient quelque chose en réserve. – Viens, mon chat, allons chercher notre pot de saindoux que nous avons caché pour les temps durs. On va se régaler. – Tu te régaleras, tu te régaleras, marmonna le chat, cela sera comme si tu sortais ta petite langue fine par la fenêtre. Ils s'en allèrent et lorsqu'ils arrivèrent dans l'église, le pot était toujours à sa place mais vide. – «Ça y est, dit la souris, je comprends tout, j'y vois clair à présent. Tu parles d'un ami! Tu as tout mangé quand tu allais «faire le parrain»: d'abord «Sanledessu», puis «Miparti» et pour finir… – Tais-toi, coupa le chat, encore un mot et je te mange!» Mais la petite souris avait le «Toufini» sur la langue, et à peine l'eut-elle prononcé que le chat lui sauta dessus, l'attrapa et la dévora. Eh oui, ainsi va le monde.

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