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Y a-t-il une censure?

Autrefois, afin que certaines idées jugées subversives par le pouvoir en place n'atteignent pas le grand public, une instance policière avait été instaurée: la censure d'Etat, chargée d'interdire purement et simplement la propagation des úuvres trop subversives.

Aujourd'hui la censure a changé de visage. Ce n'est plus le manque qui agit mais l'abondance. Sous l'avalanche ininterrompue d'informations insignifiantes, plus personne ne sait où puiser les informations intéressantes. En diffusant à la tonne toutes sortes de musiques similaires, les producteurs de disques empêchent l'émergence de nouveaux courants musicaux. En sortant des milliers de livres par mois, les éditeurs empêchent l'émergence de nouveaux courants littéraires. Ceux-ci seraient de toute façon submergés sous la masse de la production. La profusion d'insipidités identiques bloque la création originale et même les critiques qui devraient filtrer cette masse n'ont plus le temps de tout lire, tout voir, tout écouter.

Si bien qu'on en arrive à ce paradoxe: plus il y a de chaînes de télévision, de radios, de journaux, de supports médiatiques, moins il y a diversité de création. La grisaille se répand.

E conomie – Croissance

Jadis les économistes estimaient qu'une société saine est une société en expansion. Le taux de croissance servait de thermomètre pour mesurer la santé de toute structure: Etat, entreprise, masse salariale. Il est cependant impossible de toujours foncer en avant, tête baissée. Le temps est venu de stopper l'expansion avant qu'elle ne nous déborde et nous écrase.

L'expansion économique ne saurait avoir d'avenir. Il n'existe qu'un seul état durable: l'équilibre des forces. Une société, une nation ou un travailleur sains sont une société, une nation ou un travailleur qui n'entament pas et ne sont pas entamés par le milieu qui les entoure. Nous ne devons plus viser à conquérir mais au contraire à nous intégrer à la nature et au cosmos. Un seul mot d'ordre: harmonie. Interpénétration harmonieuse entre monde extérieur et monde intérieur.

Le jour où la société humaine n'éprouvera plus de sentiment de supériorité ou de crainte devant un phénomène naturel, l'homme sera en homéostasie avec son univers. Il connaîtra l'équilibre. Il ne se projettera plus dans le futur. Il ne se fixera pas d'objectifs lointains. Il vivra dans le présent, tout simplement.

C hantage

Tout ayant été exploité, il n'existe qu'un seul moyen pour créer des richesses dans un pays déjà riche: le chantage. Cela va du commerçant qui ment en affirmant: "C'est le dernier article qui me reste et si vous ne le prenez pas tout de suite, j'ai un autre client qui est intéressé", jusqu'au plus haut niveau, le gouvernement qui décrète: "Sans le pétrole qui pollue, nous n'aurions pas les moyens de chauffer toute la population du pays cet hiver".

C'est alors la peur de manquer ou la peur de rater une affaire qui génère des dépenses artificielles.

L e temps des comploteurs

Le système d'organisation le plus répandu parmi les humains est le suivant: une hiérarchie complexe "d'administratifs", hommes et femmes de pouvoir, "encadre" ou plutôt gère un groupe plus restreint de "créatifs". Les travaux des "créatifs" sont ensuite distribués par les "commerciaux". Telles sont les trois castes qui correspondent de nos jours aux ouvrières, sexués et soldate des fourmis.

La lutte entre Staline et Trotsky, deux chefs russes du XXè siècle, illustre le passage d'un système avantageant les créatifs à un système privilégiant les administratifs.

Trotsky, le mathématicien, l'inventeur de l'Armée Rouge, a en effet été évincé par Staline, l'homme des complots.

Dès ce moment, on peut dire que les administratifs comploteurs ont remporté une victoire décisive sur les créatifs inventeurs.

On progresse mieux et plus vite dans les strates de la société moderne si l'on sait séduire, réunir des tueurs, désinformer, que si l'on est capable de produire des concepts et des objets nouveaux.

S tratégie d'Alynski

En 1970, Saul Alynski, agitateur hippie et figure majeure du mouvement étudiant américain, publia un manuel énonçant dix règles pratiques pour mener à bien une révolution.

1 – Le pouvoir n'est pas ce que vous possédez mais ce que votre adversaire s'imagine que vous possédez.

2 – Sortez du champ d'expérience de votre adversaire. Inventez de nouveaux terrains de lutte dont il ignore encore le mode de conduite.

3 Combattez l'ennemi avec se propres armes.

4 – Utilisez pour l'attaquer les éléments de son propre code de référence.

5 – Lors d'une confrontation verbale, l'humour constitue l'arme la plus efficace. Si l'on parvient à ridiculiser l'adversaire ou, mieux, à contraindre l'adversaire à se ridiculiser lui-même, il lui devient très difficile de remonter au créneau.

6 – Une tactique ne doit jamais devenir une routine, surtout lorsqu'elle fonctionne. Répétez-la à plusieurs reprises pour en mesurer la force et les limites, puis changez-en. Quitte à adopter une tactique exactement inverse.

7 – Maintenez l'adversaire sur la défensive. Il ne doit jamais se dire: "Bon, je dispose d'un répit, profitons-en pour nous réorganiser". On doit utiliser tous les éléments extérieurs possibles pour maintenir la pression.

8 – Ne jamais bluffer si on n'a pas les moyens de passer aux actes. Sinon, on perd toute crédibilité.

9 – Les handicaps apparents peuvent se transformer en les meilleurs des atouts. Il faut revendiquer chacune de ses spécificités comme une force et non comme une faiblesse.

10- Focaliser la cible et ne pas en changer pendant la bataille. Il faut que cette cible soit la plus petite, la plus précise et la plus représentative possible.

10 – Si on obtient la victoire, il faut être capable de l'assumer et d'occuper le terrain. Si l'on n'a rien à proposer de nouveau, il ne sert à rien de renverser le pouvoir en place.

M énagement

Aux jeux de stratégie il faut toujours ménager une part de défaite dans la victoire. Une vrai victoire ne s'effectue que de justesse. Au jeu de go par exemple, l'idéal est de vaincre juste d'un point supplémentaire. Si la victoire est trop écrasante, cela enlève du mérite au gagnant et sous-entend que la partie n'aurait même pas dû se dérouler. En outre une victoire trop écrasante humilie l'adversaire et peut lui donner envie de se venger en trichant la prochaine fois. Aussi si la partie est déjà entamée et qu'on s'aperçoit que son adversaire n'est pas à la hauteur, il faudra lui venir en aide pour qu'il puisse vous vaincre un peu.

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