Paroles et Musique: Georges Brassens 1985 {Refrain: } Honte à cet effronté qui peut chanter pendant Que Rome brûle, ell' brûl' tout l' temps… Honte à qui malgré tout fredonne des chansons A Gavroche, à Mimi Pinson. En mil neuf cent trent'-sept que faisiez-vous mon cher? J'avais la fleur de l'âge et la tête légère, Et l'Espagne flambait dans un grand feu grégeois. Je chantais, et j'étais pas le seul: "Y a d' la joie". Et dans l'année quarante mon cher que faisiez-vous? Les Teutons forçaient la frontière, et comme un fou, Et comm' tout un chacun, vers le sud, je fonçais, En chantant: "Tout ça, ça fait d'excellents Français". {Refrain} A l'heure de Pétain, à l'heure de Laval, Que faisiez-vous mon cher en plein dans la rafale? Je chantais, et les autres ne s'en privaient pas: "Bel ami", "Seul ce soir", "J'ai pleuré sur tes pas ". Mon cher, un peu plus tard, que faisait votre glotte Quand en Asie ça tombait comme à Gravelotte? Je chantais, il me semble, ainsi que tout un tas De gens: "Le déserteur", "Les croix", "Quand un soldat". {Refrain} Que faisiez-vous mon cher au temps de l'Algérie, Quand Brel était vivant qu'il habitait Paris? Je chantais, quoique désolé par ces combats: "La valse à mille temps" et "Ne me quitte pas". Le feu de la ville éternelle est éternel. Si Dieu veut l'incendie, il veut les ritournelles. A qui fera-t-on croir' que le bon populo, Quand il chante quand même, est un parfait salaud? {Refrain} |