Pendant que Thérèse cherchait en soupirant les vases de Sèvres, je contemplais ces belles violettes éparses, dont l’odeur répandait autour de moi comme le parfum d’une âme charmante, et je me demandais comment je n’avais pas reconnu madame Coccoz en la princesse Trépof. Mais ç’avait été pour moi une vision bien rapide que celle de la jeune veuve me montrant son petit enfant nu dans l’escalier. J’avais plus de raison de m’accuser d’avoir passé auprès d’une âme gracieuse et belle, sans l’avoir devinée.
– Bonnard, me disais-je, tu sais déchiffrer les vieux textes, mais tu ne sais pas lire dans le livre de la vie. Cette petite étourdie de madame Trépof, à qui tu n’accordais qu’une âme d’oiseau, a dépensé, par reconnaissance, plus de zèle et d’esprit que tu n’en as jamais mis à obliger personne. Elle t’a payé royalement la bûche des relevailles… Thérèse, vous étiez une pie, vous devenez une tortue! Venez donner de l’eau à ces violettes de Parme!