Le Rat de ville et le Rat des champs Autrefois le rat des villes Invita le rat des champs D’une façon fort civile, A des reliefs d’ortolans Sur un tapis de Turquie Le couvert se trouva mis. Je laisse à penser la vie Que firent ces deux amis. Le régal fut fort honnête: Rien ne manquait au festin; Mais quelqu’un troubla la fête Pendant qu’ils étaient en train. A la porte de la salle Ils entendirent du bruit: Le rat de ville détale, Son camarade le suit. Le bruit cesse, on se retire: Rats en campagne aussitôt; Et le citadin de dire: «Achevons tout notre rôt. – C’est assez, dit le rustique; Demain vous viendrez chez moi. Ce n’est pas que je me pique De tous vos festins de roi; Mais rien ne vient m’interrompre: Je mange tout à loisir. Adieu donc. Fi du plaisir Que la crainte peut corrompre!» |