Marche — elle s’ouvre, —
Lointaine!
Sous les paupie`res sombres —
L’incendie aux ailes d’or.
De sa main, haleґe par le vent,
Elle a pris, elle a oublieґ.
Le bas de sa robe non retrousseґe,
Sarcasme, qui se fa che,
Ni bonne ni meґchante,
L’une et l’autre, lointaine.
Elle ne pleure pas, ne geґmit pas:
— Il tire tre`s fort, il est gentil! —
De sa main, haleґe par le vent,
Elle a donneґ, elle a oublieґ.
Elle a oublieґ — ricanements
De gorge et de cris d’oiseaux...
— Dieu, garde-la,
Si lointaine!
Amazones
Seins de femmes! Souffle figeґ de l’a me —
Essence de femmes! Vague toujours prise
Au deґpourvu et qui toujours prend
Au deґpourvu — Dieu voit tout!
Lice pour les jeux du deґlice ou de la joie,
Meґprisables et meґprisants. — Seins de femmes! —
Armures qui ce`dent! — Je pense a` elles...
L’unique sein, — a` nos amies!...
Cheveux blancs
Ce sont des cendres de treґsors:
Des pertes, des offenses.
Ce sont des cendres, devant lesquelles —
Le granit — tombe en poussie`re.
La colombe, nue, lumineuse
Qui vit seule. Ce sont
Les cendres de Salomon
Sur une grande vaniteґ.
Redoutable craie
D’un temps sans fin.
Ainsi, Dieu me fait signe:
— La maison a bru leґ!
Non pas le seigneur des re ves
Et des jours, pris dans ses hardes,
Mais l’esprit — flamme verticale —
Qui jaillit des preґcoces cheveux blancs!
Vous ne m’avez pas trahie,
De mes arrie`res, anneґes!
Cette blancheur, c’est la victoire
Des forces immortelles!
Emigrant
Vous e tes ici entre vous: maisons, monnaies, fumeґes,
Et les femmes, et les ideґes,
Sans reґussir a` vous aimer, sans reґussir a` vous unir,
Alors, celui-ci ou celui-la`, —
Comme Schuman avec le printemps sous son manteau:
— Plus haut! Toujours plus haut!
Alors, comme le treґmolo en suspens d’un rossignol —
Cet eґlu ou tel autre,
Le plus craintif —, car vous avez d’abord releveґ la te te,
Puis leґcheґ les pieds!
Perdu parmi les hernies et les harpies,
Dieu, dans les lieux de perdition.
Puis un de trop! Il vient d’en-haut! Un ressortissant!
Un deґfi! Et qui n’a pas perdu l’habitude... De voir
Trop haut... Qui refuse les potences... Parmi
Les deґchets de devises et de visas...
Un ressortissant.
PoEte
Le poe`te engage son discours de tre`s loin,
Son discours engage le poe`te tre`s loin.
Et par des plane`tes, des signes, par les fondrie`res
Des paraboles deґtourneґes... Entre le oui et le non.
Et lui-me me quand il s’envole du clocher,
Il brise son crochet... puisque la voie des come`tes
Est la voie des poe`tes. Des maillons eґparpilleґs
De la causaliteґ — voila` son bien! Le front leveґ
Vous deґsespeґrez! Les eґclipses des poe`tes
Ne se repe`rent pas sur le calendrier.
Il est celui qui bat les cartes et les fausse,
Qui triche sur le poids et sur le compte,
Il est celui qui, de sa place, interpelle,
Et qui eґcrase la parole de Kant.
Dans le cercueil de pierre des Bastilles,
Il est comme un arbre dans toute sa beauteґ...
Ses traces sont toujours froides, et
Il est aussi ce train que tout le monde
Manque...
— Puisque la voie des come`tes —
Est la voie des poe`tes: il bru le, il ne reґchauffe pas,
Il brise, il ne construit pas — eґclatement, effraction —,
Ton chemin est une ligne courbe aux cheveux longs,
Il n’est pas repeґrable sur le calendrier.
Dialogue de Hamlet avec sa conscience
Par le fond, ou` sont le limon...
Et les algues... Elle est alleґe dormir,
La`, — et pas de sommeil, me me la`!
— Mais moi je l’aimais,
Plus que quarante mille fre`res
Ne peuvent l’aimer!
— Hamlet!
Par le fond, ou` sont le limon...
Le limon!... Et sa dernie`re couronne
Est venue se poser sur les troncs, la`...