D’eux, et de toi, ma Grandeur,
Je parle, — reґponds-moi!
Pour les jeunes bois de che ne, qui poussaient
Vers le ciel — et n’ont pu grandir, pour ceux
Qui sont tombeґs et ne se sont pas releveґs, —
Pour ceux qui sont alleґs camper dans l’eґterniteґ,
Pour toi, notre Honneur,
Je geґmis — fais-moi signe!
Chaque soir, chaque soir, mes bras
Vont a` votre rencontre! La`-bas.
Dans la vaste eґtendue des colombes —
Ils sont nombreux, ceux que j’aime.
Je suis depuis trop longtemps
Dans la Russie des rouges — enle`ve-moi!
Je le sais, je mourrai au creґpuscule, ou le matin ou le soir!
Auquel des deux, avec lequel des deux — c a ne se commande
pas!
O s’il eґtait possible que mon flambeau s’eґteigne deux fois!
Je suis passeґe sur terre d’un pas de danse! — Fille du ciel!
Un tablier plein de roses! — Sans eґcraser les jeunes pousses!
Je le sais, je mourrai au creґpuscule, ou le matin ou le soir!
Dieu n’enverra pas une nuit d’eґpervier pour mon a me de
cygne!
D’une main douce, j’eґcarterai la croix sans l’embrasser,
Je m’eґlancerai dans le ciel geґneґreux pour un dernier salut.
La faille du creґpuscule, ou le matin ou le soir — et la coupure
du sourire...
— Car me me dans le dernier hoquet je resterai poe`te!
Dans les collines — rondes et brunes,
Sous les rayons — puissants et poussieґreux,
Avec des bottes — heґsitantes et douces —
Derrie`re une pelisse — rouge et deґchireґe.
Dans les sables — voraces et rouilleґs,
Sous les rayons — bru lants et avides,
Avec des bottes — heґsitantes et douces —
Derrie`re une pelisse — pas a` pas.
Dans les vagues — dangereuses et hautes,
Sous les rayons — cruels et anciens,
Avec des bottes — heґsitantes et douces —
Derrie`re une pelisse — menteuse, menteuse.
A Maiakovski
Plus haut que les croix, plus haut que les chemineґes,
Baptiseґ par le feu, baptiseґ par la fumeґe,
Archange-aux-pieds-lourds —
Salut a` toi dans les sie`cles, Vladimir!
Il est le cocher, il est aussi le coursier,
Il est la toquade, il est aussi la loi.
Il soupire, il crache dans ses mains:
— Tiens-toi bien, gloire charretie`re!
Chantre des miracles sur la place publique,
Salut a` toi, orgueilleux salopard,
Qui choisit la lourdeur de la pierre
Et non la seґduction du diamant.
Salut a` toi, tonnerre de paveґs!
Il ba ille, il respecte, — et, a` nouveau,
Il rame — avec ses brancards — avec
Ses ailes d’archange charretier.
Louange pour aphrodite
1
Bienheureux — ceux qui ont abandonneґ tes filles, Terre,
Pour la lutte et pour la course. Bienheureux, —
Ceux qui ont peґneґtreґ sur les Champs-Elyseґes
Sans e tre seґduit par la volupteґ.
Le laurier y pousse, feuilles raidies et sobres, —
Le laurier — chroniqueur, activiste au combat…
— Je n’eґchangerai pas l’aplomb de l’amitieґ,
Au-dessus des nuages, contre le foyer de l’amour.
2
Deґja` les Dieux — deґja` —, ne te comblent plus
Sur les rives — deґja` —, d’une autre rivie`re.
Vers la grande porte du couchant, vers
La porte de Veґnus, volez, colombes!
Pour moi, coucheґe sur les sables refroidis,
Je me retirerai dans ce jour qui ne se compte pas…
Car le serpent regarde sa vieille peau,
Car j’ai deґpasseґ ma jeunesse.
Jeunesse
Ma jeunesse! Mon eґtrange`re
Jeunesse! Ma bottine deґpareilleґe!
Les yeux rougis, presque fermeґs,
On enle`ve une feuille au calendrier.
La muse pensive n’a rien pris
Sur l’ensemble de ton butin.
Ma jeunesse! Je ne te rappelle pas:
Tu eґtais une charge et une corveґe.
La nuit, tu murmurais pour moi avec ton peigne,
La nuit, tu aiguisais tes fle`ches. Tu m’eґtouffais
De tes largesses, comme sous de petits galets.
Et je souffrais pour les peґcheґs des autres.
Je te rends ton sceptre avant l’heure,
Sans gou t, mon a me, pour les boissons et les mets.
Ma jeunesse! Mes deґsordres —
Jeunesse! Mon chiffon de vermeil!
Muse
Ni chartes, ni ance tres,
Ni faucon clair. Elle