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Du Lièvre et de la Tortue.

Le Lièvre considérant la Tortue qui marchait d’un pas tardif, et qui ne se traînait qu’avec peine, se mit à se moquer d’elle et de sa lenteur. La Tortue n’entendit point raillerie, et lui dit d’un ton aigre, qu’elle le défiait, et qu’elle le vaincrait à la course, quoiqu’il se vantât fièrement de sa légèreté. Le Lièvre accepta le défi. Ils convinrent ensemble du lieu où ils devaient courir, et du terme de leur course. Le Renard fut choisi par les deux parties pour juger ce différend. La Tortue se mit en chemin, et le Lièvre à dormir, croyant avoir toujours du temps de reste pour atteindre la Tortue, et pour arriver au but avant elle. Mais enfin elle se rendit au but avant que le Lièvre fut éveillé. Sa nonchalance l’exposa aux railleries des autres Animaux. Le Renard, en Juge équitable, donna le prix de la course à la Tortue.

De l’Ours et des Mouches à miel.

Un Ours pressé de la faim, sortit du bois, pour chercher de quoi manger. Ayant trouvé en son chemin des ruches à miel, il se mit à les lécher. Une Abeille sortit de la ruche, et fit une piqûre très douloureuse à l’oreille de l’Ours, qui de rage renversa toutes les ruches à miel. Alors les Abeilles irritées de cet outrage, sortent en foule de leurs ruches, s’acharnent sur l’Ours, et le piquent jusqu’au sang, pour se venger de leur ennemi, et du dégât qu’il avait fait à leurs ruches; de sorte que l’Ours honteux et enragé, fut contraint de songer à la retraite, condamnant en lui-même sa brutalité et son emportement qui lui avaient attiré tant d’ennemis.

Du Chat et des Rats.

Un Chat, la terreur des Rats, en avait presque détruit l’engeance. Il eut bien voulu croquer le peu qui en restait; mais le malheur des premiers avait rendu les derniers plus sages. Ceux-ci se tenaient si bien sur leurs gardes qu’il n’était pas aisé de les avoir. – Je les aurai pourtant, dit le Chat, et bon gré mal gré qu’ils en aient. – Cela dit, il s’enfarine et se blottit au fond d’une huche. Un Rat qui l’aperçut le prit pour quelque pièce de chair, et s’en approcha; le Chat se retourne aussitôt sur ses deux pattes, et lui fait sentir sa griffe. Un second vint après, puis un troisième, qui fut suivi de plusieurs autres, et de ceux-ci pas un ne s’en retourna. Cependant un dernier, vieux et ratatiné mit la tête hors de son trou, et d’abord regarda de tous côtés; puis de là, sans vouloir s’avancer plus loin, se mit à contempler le bloc enfariné; enfin secouant la tête, – À d’autres, mon ami s’écria-t-il; il ne te sert de rien à mon égard de t’être ainsi blanchi; quand tu serais farine, sac, huche, ou tout ce qu’il te plaira, je n’en approcherais pas en mille ans une fois. -

Des Dragons.

Deux Dragons voulurent passer au travers d’une haie vive, fort touffue, qui leur barrait le chemin; l’un avait une tête et plusieurs queues, l’autre une queue et plusieurs têtes. Ce dernier, quelques efforts qu’il fît, n’en put jamais venir à bout. Comme toutes ces têtes se nuisaient les unes aux autres, elles ne purent se faire dans la haie une ouverture assez large pour y faire passer le corps de la bête. L’autre eut moins de peine à se faire un passage; la tête s’ouvrit seule le chemin fort aisément, tira ensuite les queues, et fit si bien, que tête, corps et queues, tout passa.

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