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D'instinct, je marchai vers la fenêtre. Je collai mon front à la vitre et je sus que c'était cela qui me manquerait: il n'était pas donné à tout le monde de dominer la ville du haut du quarantequatrième étage.

La fenêtre était la frontière entre la lumière horrible et l'admirable obscurité, entre les cabinets et l'infini, entre l'hygiénique et l'impossible à laver, entre la chasse d'eau et le ciel. Aussi longtemps qu'il existerait des fenêtres, le moindre humain de la terre aurait sa part de liberté.

Une ultime fois, je me jetai dans le vide. Je regardai mon corps tomber.

Quand j'eus contenté ma soif de défenestration, je quittai l'immeuble Yumimoto. On ne m'y revit jamais.

Quelques jours plus tard, je retournai en Europe.

Le 14 janvier 1991, je commençai à écrire un manuscrit dont le titre était Hygiène de l'assassin.

Le 15 janvier était la date de l'ultimatum américain contre l'Irak. Le 17 janvier, ce fut la guerre.

Le 18 janvier, à l'autre bout de la planète, Fubuki Mori eut trente ans.

Le temps, conformément à sa vieille habitude, passa.

En 1992, mon premier roman fut publié.

En 1993, je reçus une lettre de Tokyo. Le texte en était ainsi libellé:

«Amélie-san, Félicitations.

Mori Fubuki.»

Ce mot avait de quoi me faire plaisir. Mais il comportait un détail qui me ravit au plus haut point: il était écrit en japonais.

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