– Ce n’est pas le talent qui manque ? votre art, disait Christophe ? Sylvain Kohn; c’est le caract?re. Vous auriez plus besoin d’un grand critique, d’un Lessing, d’un…
– D’un Boileau? dit Sylvain Kohn, goguenardant.
– D’un Boileau, peut-?tre bien, que de dix artistes de g?nie.
– Si nous avions un Boileau, dit Sylvain Kohn, on ne l’?couterait pas.
– Si on ne l’?coutait pas, c’est qu’il ne serait pas un Boileau, r?pliqua Christophe. Je vous r?ponds que, du jour o? je voudrais vous dire vos v?rit?s toutes crues, si maladroit que je sois, vous les entendriez; et il faudrait bien que vous les avaliez.
– Mon pauvre vieux! ricana Sylvain Kohn.
Il avait l’air si s?r et si satisfait de la veulerie g?n?rale que Christophe, le regardant, eut soudain l’impression que cet homme ?tait cent fois plus un ?tranger en France que lui-m?me.
– Ce n’est pas possible, dit-il de nouveau, comme le soir o? il ?tait sorti ?c?ur? d’un th??tre des boulevards. Il y a autre chose.
– Qu’est-ce que vous voulez de plus? demanda Kohn.
Christophe r?p?tait avec opini?tret?:
– La France.
– La France, c’est nous, fit Sylvain Kohn, en s’esclaffant.
Christophe le regarda fixement, un instant, puis secoua la t?te, et reprit son refrain:
– Il y a autre chose.
– Eh bien, mon vieux, cherchez, dit Sylvain Kohn, en riant de plus belle.
Christophe pouvait chercher. Ils l’avaient bien cach?e.