Le jour o? mon p?re est mort, le 30 juillet 1980, la r?alit? a cess? de me passionner. J’avais quinze ans, je m’en remets ? peine. Pour moi, il a ?t? tour ? tour mon clown, Hamlet, d'Artagnan, Mickey et mon trap?ziste pr?f?r?; mais il fut surtout l'homme le plus vivant que j'ai connu. Pascal Jardin, dit le Zubial par ses enfants, n'accepta jamais de se laisser gouverner par ses peurs. Le Zubial avait le talent de vivre l'invivable, comme si chaque instant devait ?tre le dernier. L’improbable ?tait son ordinaire, le contradictoire son domaine. S’ennuyait-il au cours d’un d?ner? Il le d?clarait aussit?t et quittait la table, en baisant la main de la ma?tresse de maison. D?sirait-il une femme mari?e? Il ne craignait pas d'en faire part ? son ?poux, en public, et d'escalader la fa?ade du domicile conjugal le soir m?me pour tenter de l'enlever. S'il ?crivit des romans et plus de cent films, cet homme dramatiquement libre fut avant tout un amant. Son v?ritable m?tier ?tait d'aimer les femmes, et la sienne en particulier. Ce livre n’est pas un recueil de souvenirs mais un livre de retrouvailles. Le Zubial est l'homme que j'ai le plus aim?. Il m'a l?gu? une certaine id?e de l'amour, tant de r?ves et de questions immenses que, parfois, il m'arrive de me prendre pour un h?ritier.
L'auteur qui avait quinze ans ? la mort de son p?re – l'?crivain et sc?nariste Pascal Jardin – lui rend ici un bel hommage, tout comme Pascal Jardin avait fait avec son propre p?re, l'homme politique Jean Jardin, dans Le Nain jaune. Certains croiront que Pascal Jardin ?tait fou, mais d'autres verront en lui un homme «vrai», poss?dant la rare qualit? de vivre pleinement sa vie. Les questions que se pose l'auteur sur la vie et sur la fa?on de vivre ne peuvent que vous entra?ner dans des r?flexions personnelles. Le Zubial: un roman autobiographique mais aussi et surtout une formidable le?on de vie.
Pascale Arguedas