La sociologie s'est rarement preoccupee du rapport du monde social a l'espace dans toute l'extension de ce terme. Embarrassee dans une ambition congenitale tournee vers la production de concepts generalisables, elle n'a pas su exploiter l'heritage de penseurs tels que Marcel Mauss, qui etablissaient un lien constant entre sociologie et ethnologie, entre structure et particularite, et elle a le plus souvent abandonne ce domaine a la geographie et aux sciences politique et administrative, se contentant d'un usage parfois un peu aventure du paradigme de la ville. C'est ainsi tout un aspect du processus de la connaissance sociale qui a ete trop delaisse, et que se propose d'aborder cet ouvrage : celui qui a trait a la relation au monde materiel en tant qu'il n'est jamais reductible a ce qu'en fait l'homme. A travers cette position contextuelle de la societe inseree et impliquee dans son environnement physique, c'est tout un pluralisme de la vision sociologique qui se trouve mis en evidence. L'apport des sociologies d'inspiration phenomenologique se revele tres precieux dans cette demarche, en ce qu'il fonde la discipline sur la construction sociale de l'intelligibilite du monde, et non sur l'edifice rationaliste constitue par un systeme a priori de fonctions. Au dela des derives economistes et universalisantes de certaines sociologies actuelles, l'objectif poursuivi ici se presente comme une refondation de la sociologie generale, de la theorie du lien social, en les enracinant dans le paradigme de la representation, c'est-a-dire dans l'analyse des phenomenes d'auto-reference.