Une grand-mere, dans l'imagerie populaire, c'est une petite femme toute ronde, au visage doux et souriant, a la peau delicieusement parfumee, a la voix chaude et rassurante, qui nous accueille avec des confitures maison et des beignets, qui nous caresse de ses mains aussi legeres qu'un vol d'oiseau, qui sait consoler petits et grands chagrins, qui sait ecouter avec sagesse et compassion, et qui, par-dessus tout, nous aime sans condition, pour toujours. Eh bien! pour Charlotte et ses soeurs, une grand-mre, c'est Clarisse : mchoire infrieure avance, nez plat, front large, yeux carts et brillants d'un feu insoutenable, des mains comme des battoirs, un corps massif et imposant, et une voix qui s'apparente un grognement, parfois mme un aboiement. D'o le surnom dont l'ont affuble ses petites-filles, pour rigoler entre elles : la Bouledogue. Le jour o Clarisse doit venir s'installer chez elles, la suite d'un drame qui laisse leurs parents incapables de s'occuper d'elles, l'existence des quatre sours prend la tournure d'un cauchemar. L'ducation, selon Clarisse, c'est se soumettre ou souffrir. Pour en arriver ce que son code de bonne conduite soit respect la lettre, elle ne lsine pas sur les mthodes, mme les plus cruelles. Charlotte, la rebelle, regrettera amrement de ne pas avoir pli l'chine devant cette nouvelle autorit. Sa rsistance la conduira tout droit l'horreur, l'inimaginable, l'obsession de Clarisse l'atteignant au cour mme de sa fminit... L'arrive de la Bouledogue au coeur de cette famille unie par l'amour et la confiance aura les mmes effets qu'un tsunami : dvastation, dsolation, mort... mes sensibles s'abstenir...